Ayant l'impression que l'on oppose trop systématiquement les démocraties environnementale et sociale, j'aimerais connaître votre avis, monsieur Hartmann, sur la meilleure manière d'articuler les deux.
La démocratie, au sens générique du terme, doit se décliner de manière plus satisfaisante sous différents aspects, les uns ne s'opposant pas aux autres. La démocratie sociale permet aux acteurs du monde économique, notamment aux salariés, de peser sur certains choix stratégiques. C'est un enjeu majeur. Le pouvoir politique peut y trouver un moyen d'agir davantage sur ce qui se dessine, non pas forcément en intervenant lui-même, mais en déléguant de nouveaux pouvoirs à ceux qui sont les mieux à même de les exercer. Ceux qui travaillent dans les entreprises sont les mieux placés pour émettre des opinions, voire des contre-propositions.
Le monde du travail a aussi un impact environnemental évident. Il serait peut-être temps de reconnaître certaines formes de droit d'intervention dans ce domaine, qu'il s'agisse de l'organisation des chaînes de production, de l'utilisation de certains produits, etc. Le monde du travail peut être source d'acteurs lucides, conscients et informés. Ceux qui sont engagés professionnellement dans un domaine peuvent prétendre le maîtriser mieux que d'autres, ce qui doit faire d'eux des acteurs non pas exclusifs mais reconnus. Pensez-vous qu'il soit possible d'améliorer cette articulation entre les démocraties sociale et environnementale sans les opposer, mais en les concevant de manière complémentaire ?
Comment organiser une représentativité environnementale à un moment où l'on s'interroge notamment sur celle des élus ? Même les élections n'empêchent pas que se crée une distance entre les électeurs et les élus de la République, ce qui nous conduit à nous interroger sur les institutions. Avez-vous réfléchi à la manière dont pourraient être choisis ces représentants environnementaux qui pourraient même se voir confier des responsabilités ?