Intervention de Benoît Hartmann

Réunion du 5 février 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Benoît Hartmann :

Avant de répondre aux questions, je voudrais préciser que nous ne légitimons pas la violence. Mon propos visait à l'expliquer et certainement pas à la légitimer. Nous ne sommes favorables à aucune forme de violence, pas plus à la violence d'État qu'à une autre. La violence est une source de conflits et elle ne construit pas de solutions. Étant son porte-parole, je puis vous assurer que FNE n'a jamais cautionné une action violente et je vous mets au défi de prouver le contraire. Nous ne conduisons pas d'actions illégales.

Cela étant, je vais vous parler du très grand barrage construit tout près de Sivens et qui, trois ans après notre recours, a été déclaré illégal. Nos recours n'étaient pas suspensifs et le barrage existe. Le fait d'intervenir a posteriori ne permet pas de rectifier le problème. C'est un problème auquel vous allez devoir apporter une réponse. Comment se fait-il que l'on puisse encore pratiquer cette politique du fait accompli en France ? Puisque vous êtes aussi des élus territoriaux, vous savez très bien qu'en matière d'urbanisme, on est très souvent mis devant le fait accompli.

Repensons deux secondes à la tempête Xynthia : quarante-trois morts parce que le préfet n'a pas les moyens de l'instruction et du contrôle de légalité et que des constructions ont été réalisées en zone inondable, faisant courir un risque mortel aux habitants, avec des autorisations données à tous les niveaux. Les constructions étaient illégales ; il y a eu des morts. Je ne vais pas m'étendre davantage, mais j'ai perçu certains propos comme une provocation que je ne goûte guère.

Vous m'avez interrogé sur la gouvernance internationale et sur le rapprochement entre la Chine et les États-Unis. C'est une forme de remise en cause du multilatéralisme, soit. Mais quand on sait que ces deux pays représentent plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre, on ne peut que se réjouir de les voir conclure des accords – certes plus modestes qu'espéré – même s'ils le font tout seuls dans leur coin. Si cela annonce leur retour aux négociations internationales et au multilatéralisme, tant mieux ; si cela peut inciter certains de leurs petits camarades comme la Nouvelle-Zélande à y revenir aussi, tant mieux. Nous le vivons comme un signe positif : les ambitions ne sont pas à la hauteur mais les mentalités ont changé. S'il est au moins un combat que les écologistes ont gagné, c'est cette prise de conscience. Rappelons que le premier candidat écologiste à l'élection présidentielle était pris pour un hurluberlu quand il parlait de réchauffement climatique dans sa campagne. Quarante ans plus tard, on n'en est plus là.

Cette prise de conscience et cette gouvernance environnementales doivent s'incarner à tous les échelons, car la pollution comme les problématiques environnementales ne connaissent pas de frontières. Les débats climatiques s'organisent de manière à prendre en compte la solidarité nord-sud, en partant de l'idée que les pays développés doivent contribuer plus parce qu'ils ont brûlé beaucoup d'hydrocarbures, qu'ils sont responsables du réchauffement constaté et d'une partie de celui qui reste à venir. Il faut donc abonder au Fonds vert pour le climat, et aider à l'adaptation au changement climatique. Nous avons aussi intérêt à faire de l'atténuation dans certains pays du sud dont la marge de progression en matière d'efficacité énergétique est plus importante que dans les pays développés.

Tous ces sujets sont abordés lors des G20, à Davos, un peu partout. Il existe un embryon de gouvernance internationale des mers, et on évoque de manière récurrente la création d'une Organisation mondiale de l'environnement. Pourtant, cette question de la gouvernance environnementale mondiale continue à se poser : il serait nécessaire de mettre un peu d'ordre, de structurer chaque échelon en descendant jusqu'à celui de l'entreprise.

Ensuite, il m'a été opposé que la modération de certains de mes propos était contradictoire avec ma manière d'expliquer la violence par l'absence d'écoute. L'ignorance serait une meilleure explication, disait M. Slama en évoquant un personnage de roman que son manque d'instruction portait à avoir des comportements déviants ou asociaux. Ne revient-on pas dans ce cas à l'incapacité à communiquer, génératrice de frustration et de violence ? Les exemples abondent dans la littérature, et vous auriez pu citer Des souris et des hommes de John Steinbeck. Quand le dialogue se rompt, quand il n'y a plus d'écoute, quand l'un nie la réalité de l'autre, la violence s'exprime.

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