Certes, mais il est difficile de prévoir quel type de difficultés l'on va rencontrer et de les quantifier ex ante. La complexité de ce type de projets induit une incertitude sur les coûts de la tête de série ; l'expérience que l'on en retire doit justement profiter aux installations suivantes, y compris celles qui sont d'ores et déjà en construction, par exemple en Chine sur le site de Taishan. De fait, ce dernier projet, qui a démarré après Flamanville, progresse à un bon rythme et bénéficie des enseignements de la tête de série.
Siégeant comme représentant de l'État au conseil d'administration d'Areva – et non d'EDF –, je sais que pour répondre aux difficultés rencontrées par cette entreprise, l'État s'est efforcé d'en faire évoluer la gouvernance. Jusqu'à la fin de l'année dernière, Areva était gérée par un directoire et un conseil de surveillance. Sans se prononcer dans l'absolu sur la pertinence de ces organes ; la mise en place d'un conseil d'administration a permis à celui-ci d'être mieux informé et plus à même de prendre des responsabilités.
Le grand carénage est un projet composite qui concerne l'ensemble des investissements nécessaires à la maintenance du parc nucléaire historique, et ne se réduit pas à la question de la prolongation éventuelle de la durée d'amortissement des centrales. Les chiffres évoqués en matière de coût du parc historique restent valides ; certains investissements du grand carénage visent à prendre en compte les nouvelles exigences posées après l'accident de Fukushima ; d'autres représentent des investissements de maintenance, nécessaires pour que les installations puissent atteindre l'âge de quarante ans ; une partie enfin concerne une éventuelle prolongation de la durée de vie des centrales. En allongeant la durée d'amortissement des investissements, on retrouve la capacité de les réaliser sans impact sur le coût de production de l'électricité nucléaire du parc historique. En revanche, l'État actionnaire n'a pas vocation à influencer ou à remettre en cause les décisions de l'autorité indépendante que représente l'ASN ; nous les considérons comme des données qui commandent tout le reste. Je l'ai rappelé : nous sommes particulièrement vigilants à ce que chacun se cantonne à son rôle.
S'agissant de Cigéo, la décision ne relève pas de l'État actionnaire ; c'est la ministre de l'écologie qui arrêtera le montant du devis au terme de la procédure de consultation des différents opérateurs et de l'ASN. Cigéo représente d'ores et déjà des provisions importantes dans les comptes d'EDF que l'entreprise a rendus publics le 12 février ; toutefois, le chiffrage restant encore incertain, EDF a considéré qu'à ce stade, conformément aux standards comptables il n'était pas nécessaire de modifier ces provisions à la hausse ou à la baisse au regard des débats en cours.
La construction de nouveaux réacteurs nucléaires renvoie à la politique de l'énergie et ne relève pas directement des prérogatives de l'État actionnaire. Ce sujet est actuellement débattu avec la représentation nationale, la loi sur la transition énergétique fixant le cadre dans lequel devra évoluer le mix énergétique français. Je me bornerai donc à constater que la ministre responsable de la politique de l'énergie a eu l'occasion de s'exprimer sur le sujet.