Les dépenses de Flamanville sont intégrées au bilan d'EDF et ne sont pas amorties dans le compte d'exploitation : il n'existe donc aucun impact sur les tarifs d'EDF aujourd'hui. Lorsque Flamanville sera livré, nous amortirons son coût – qui sera compris entre 8 et 9 milliards d'euros – sur 60 ans, durée qui correspond à la vie de ces réacteurs de nouvelle génération. Cela entrera dans les coûts d'EDF comme l'amortissement des anciens investissements se trouve reflété dans les coûts actuels. La charge de Flamanville représentera donc 150 millions d'euros par an par rapport à un chiffre d'affaires qui s'élève à 40 milliards en France, soit moins de la moitié d'un point de pourcentage. Le coût du mégawattheure du premier EPR sera bien entendu supérieur au coût moyen du mégawattheure, puisqu'il s'agit d'une nouvelle production ; une fois ce choc amorti dans la totalité de la masse des moyens de production d'EDF, l'effet s'avérera minime.
Les dépenses liées au grand carénage sont directement amorties et ne sont pas placées au bilan en attendant que les études, les installations ou les équipements soient achevées. Le grand carénage permet de maintenir le coût du nucléaire à 55 euros le mégawattheure.
Le démantèlement s'effectuera au cours de nombreuses décennies et les frais induits suivront cet étalement. Le coût pour Cigéo est reflété dans nos comptes puisque nous avons provisionné le coût du démantèlement : certains estiment cette provision trop faible et d'autres trop élevée, ce qui n'est pas anormal compte tenu du degré d'incertitudeentourant ces coûts, qui peut avoir un effet de 2 à 3% sur le coût du MWh nucléaire.
Aider les industries consommant beaucoup d'énergie électrique entre dans nos missions et nous cherchons à leur faire bénéficier du tarif le plus bas possible, dans le cadre de la réglementation européenne. Des partenariats mis en oeuvre récemment dans des pays voisins ont été approuvés par la Commission européenne, et nous essayons de bâtir, en lien avec le ministère de l'économie, de l'industrie et du numérique et les parlementaires, un système similaire grâce à l'utilisation des outils techniques comme l'interruptibilité et l'amortissement des taxes spécifiques à l'électricité.
Nous consacrons une partie des moyens de la recherche et développement (R&D) d'EDF à étudier la manière de compléter les EnR intermittentes – l'éolien et le solaire – par du stockage ; nous espérons que des solutions économiquement viables émergeront progressivement pour ce sujet fondamental.
Dans les télécoms, les coûts variables sont très modestes, car une fois le réseau construit, l'intensité de son trafic n'a que peu d'impact financier. La situation s'avère différente pour l'électricité et certains coûts variables sont plus importants. Les régulateurs et l'État ont, dans leur grande sagesse, mis en place un système d'abonnement fixe pour se connecter associé à une consommation proportionnelle. Nous serions prêts à examiner la pertinence du montant du coût fixe par rapport à celui du variable : faut-il déplacer le curseur ? Convient-il d'instaurer des forfaits pour que des consommateurs ne dépassent pas un certain montant de facture ? Le futur compteur Linky devra-t-il permettre de mieux maîtriser la consommation ?
La noblesse d'une entreprise de service public réside dans la nécessité de gérer l'ensemble de ses contraintes et d'assurer au mieux ses missions. Néanmoins, j'alerte les pouvoirs publics sur la croissance de l'endettement d'EDF au cours des dernières années et sur les taxes supportées par le consommateur d'électricité qui ne le sont pas par celui d'énergies fossiles alors que l'énergie électrique est décarbonée à 85 %.
Le rôle du PDG d'EDF est de limiter les surprises et d'anticiper les réactions de ses interlocuteurs dans les différents lieux de pouvoir de l'État. Il convient de veiller à assurer la cohérence qui permettra à l'entreprise de travailler dans la durée et dans la stabilité ; dans ce domaine, et même si mon expérience à la tête de l'entreprise est encore courte, je pense que le président d'EDF a un rôle à jouer.