Intervention de Nicolas Dufourcq

Réunion du 29 janvier 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d'investissement Bpifrance :

Nous sommes le premier banquier de la transition énergétique française. En 2014, nous avons distribué 800 millions d'euros de crédits pour l'éolien, le photovoltaïque, la biomasse ou encore l'hydro-électrique ; c'était l'objectif stratégique que nous nous étions fixé pour 2017 ! Nous avons désormais de 25 à 30 % de parts de ce marché. Ce sont des crédits à 20 ou 25 ans pour lesquels nous prenons des hypothèques sur l'ensemble des infrastructures. Je vous l'ai dit, nous ne financerons pas des équipements autoroutiers ou des infrastructures du type du viaduc de Millau – c'est le rôle de la CDC – mais, depuis le 1er janvier 2015, nous gérons un nouveau fonds, doté de 425 millions d'euros, qui investit dans les sociétés de projets – pour moitié dans la transition énergétique, pour moitié dans les « usines du futur » – par des crédits de 10 à 15 millions d'euros. Nous faisons des crédits à 25 ans, mais pas encore de crédits à 30 ans.

Comme l'a signalé M. Gilles Carrez, M. Thierry Francq centralise les propositions françaises relatives au plan Juncker. Nous en avons quatre. Notre ressource rare, je vous l'ai dit, c'est l'argent public dans les fonds de garantie. En aurions-nous davantage que nous allouerions plus de crédits sans garantie, de prêts de développement, de prêts à l'innovation, de prêts export, avec un formidable effet multiplicateur – il est de 10, et parfois de 12. Il n'y a pas mieux en termes d'allocation d'argent public que des fonds de garantie à effet multiplicateur, correctement gérés. Nous voulons donc que de l'argent du plan Juncker soit injecté dans nos fonds de garantie, par le canal du programme de partage de risque (Risk sharing instruments, RSI) du Fonds européen d'investissement. Bpifrance est parfaitement équipée pour mettre en oeuvre un système de garantie qui a fait ses preuves ; le FEI n'a donc aucune raison de la contourner.

Ensuite, s'il y a suffisamment d'argent public dans le capital développement et dans le capital-risque, les fonds privés demeurent insuffisants, ce qui nous oblige à faire le tour du monde pour trouver des capitaux. Cela tient en particulier aux obligations prudentielles fixées par la directive Solvabilité II. Il conviendrait donc, pour permettre aux assureurs vie européens d'investir, de leur accorder la garantie gratuite de leurs opérations de capital investissement. Nous recommandons la mise au point d'un tel mécanisme.

Notre troisième proposition est d'appeler à la constitution d'un fonds de fonds européen de capital-risque, fonds commun des grandes banques de développement européennes associant les fonds français, britanniques, scandinaves et l'amorce de fonds allemand. Le principe serait le suivant : pour tout investissement dans un fonds français, ce fonds européen centralisé, dans lequel auront été injectées des ressources issues du plan Juncker, co-investirait automatiquement.

Notre dernière proposition est que le plan Juncker accompagne les tentatives de création de fonds transnationaux, pour permettre aux PME européennes de se mondialiser plus rapidement. Pour cela, elles ont tout intérêt à ce que les fonds entrés à leur capital aient un bureau à Paris et aussi à Munich ou à Stockholm. Nous avons quelques fonds transnationaux, notamment le Fonds franco-chinois, dans lequel nous avons investi 250 millions d'euros. Jamais les billets de banque chinois n'auraient intégré des éléments de sécurité de la société française Hologram Industries si le Fonds franco-chinois n'avait eu une équipe à Shanghai. Les fonds transnationaux sont essentiels à l'économie, mais difficiles à monter et à financer. Le plan Juncker nous rendrait donc un signalé service s'il avait pour effet que, lorsque nous décidons d'investir 10 millions d'euros dans un fonds allemand à condition qu'il réinvestisse en France, un abondement du même montant soit automatique.

J'ajoute que le plan Draghi a pour conséquence directe l'écrasement des taux, et donc des marges des banques.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion