Intervention de Nicolas Dufourcq

Réunion du 29 janvier 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d'investissement Bpifrance :

Nous ne sommes jamais en concurrence avec les établissements bancaires car nous ne consentons jamais un crédit qui ne soit cofinancé par une banque. Dans la grande majorité des cas, nous concluons les pools bancaires en apportant un prêt sans garantie. Nous sommes assez puissants dans le secteur du crédit-bail mais, là encore, la condition sine qua non de notre intervention est qu'une banque fasse un crédit à moyen ou long terme. Nos taux d'intérêt sont ceux du marché, c'est-à-dire ceux de nos partenaires bancaires, et notre présence bancaire par secteur est assez proche de la répartition par secteur du PIB français, avec une sous-pondération dans le secteur agro-alimentaire que nous souhaitons corriger en 2015. Je le redis, nous ne concurrençons les banques à aucun moment.

Les ETI sont au coeur de notre stratégie. Nous pensons qu'il y a en France 650 « champions cachés » ; certes, c'est beaucoup moins que les 4 000 ETI allemandes, mais c'est beaucoup plus qu'on ne le pensait. On a récemment constaté, au nombre des 60 000 défaillances d'entreprise annuelles, celles de quelques ETI. Cela résulte du fait qu'elles ne sont pas assez mondialisées. Les ETI françaises réalisent en moyenne 20 % de leur chiffre d'affaires à l'exportation (la proportion est de 70 % pour les ETI allemandes) parce que souvent, le capital de ces sociétés n'est pas ouvert ; en corollaire, la gouvernance, assez stable, tend au conservatisme. Après six ans de crise et de traversée du désert, les ETI sont très prudentes. Notre travail est de les convaincre d'investir, d'exporter, d'ouvrir leur capital en les persuadant que nous allons les propulser à l'international pour que leur chiffre d'affaires double, puis triple. Notre tâche consiste à les équiper et à les motiver ; il y faudra du temps.

Dans deux semaines, nous lancerons un « accélérateur », autrement dit un cocktail multivitaminé destiné à 75 PME que nous suivrons pendant trois ans par un accompagnement à la définition puis à l'exécution de véritables business plans. Nous lancerons également une « initiative conseil » essentiellement destinée aux ETI. Elle consistera à inciter les dirigeants de ces sociétés à rédiger, avec notre aide, le plan stratégique qui leur fait défaut – l'entreprise versant pour cela 5 000 euros, Bpifrance autant. Nous comptons réaliser 150 de ces « flashes stratégiques » en 2015, sortir ainsi les ETI de leur routine et apprécier dans trois ans les résultats obtenus.

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