C'est une excellente question. Il s'agit de l'une de nos préoccupations. Pour diriger les petits établissements non seulement hospitaliers, mais aussi sociaux et médico-sociaux, il faut des profils à la fois spécialisés et polyvalents. La polyvalence est un critère majeur, car les chefs de ces établissements ne sont souvent assistés que par un nombre très restreint de cadres administratifs.
Il y a en effet aujourd'hui un certain nombre de postes vacants dans les établissements de ce type. Lorsque l'on superpose les cartes des postes vacants relevant des différents corps de l'encadrement supérieur médical et administratif – praticiens hospitaliers, directeurs d'hôpital, D3S, directeurs des soins –, on se rend bien compte que certaines régions sont particulièrement touchées et que d'autres, moins affectées, rencontrent des problèmes au niveau infra-régional, notamment pour de petits établissements tels que celui de Condom. Les professionnels sont moins enclins à accepter des postes dans ces établissements parce qu'ils savent que la charge de travail y est très lourde. De plus, au cours des dernières années, le nombre de départs à la retraite a beaucoup augmenté. Après avoir réduit le nombre de places aux concours d'accès à l'EHESP, nous nous efforçons désormais d'assurer une meilleure adéquation entre les recrutements et les besoins institutionnels.
Au cours des cinq dernières années, nous avons beaucoup développé les directions communes, qui permettent de regrouper soit plusieurs établissements hospitaliers, soit des établissements hospitaliers avec des établissements sociaux et médico-sociaux – on parle alors de directions communes mixtes. Ce dispositif préserve l'autonomie des établissements, ce qui est un point très sensible pour les acteurs politiques locaux. Le directeur qui est distingué pour prendre la tête de la direction commune doit participer à un grand nombre d'instances, puisque chaque établissement conserve les siennes.
Les directions communes permettent de combiner unité de direction – avec une équipe un peu plus étoffée – et responsabilisation des acteurs. Les établissements portent un projet médical commun et peuvent développer des coopérations pertinentes en matière d'administration, de logistique, d'ingénierie, de gestion des ressources humaines, de développement de certaines activités. Cette forme de travail en équipe est de plus en plus prisée, notamment par les D3S qui, sinon, exercent souvent leurs fonctions dans un certain isolement. Ils apprécient la dimension de partage et le sens du compagnonnage. D'autant que nous essayons de nommer, à la tête des directions communes, des directeurs seniors très expérimentés à même d'aider les agents les plus jeunes à prendre leurs marques et d'accompagner ceux qui sont plus avancés dans la carrière à passer d'un domaine de compétence à un autre, par exemple des finances aux ressources humaines.
Aujourd'hui, environ 400 directions communes se sont constituées. Seul un petit nombre d'entre elles a été dénoncé, souvent pour des raisons de stratégie ou de politique locale. Le dispositif est plutôt prometteur : beaucoup de directions communes sont dans une dynamique ascendante et ont fait la preuve de leur efficacité. Elles permettent à différentes personnes de partager leurs compétences, de croiser leurs regards et, le cas échéant, de prêter main-forte à des établissements en difficulté qui, s'ils étaient restés isolés, n'auraient sans doute pas attiré un candidat au potentiel suffisant pour ce faire.
Par ailleurs, le CNG a mis en place des ateliers de co-développement, pratique qui s'est beaucoup développée au Canada il y a une quinzaine d'années. Il s'agit d'échanges d'expérience entre pairs, en petit groupe, à propos de situations imaginées ou vécues. Certains ont été confrontés, par exemple, à des situations financières très tendues ou à des plans de retour à l'équilibre qui les ont particulièrement perturbés. Ce dispositif d'accompagnement professionnel permet aux participants de réaliser des progrès très sensibles. Nous avons actuellement plusieurs ateliers très actifs, qui impliquent notamment des D3S, lesquels sont souvent les plus isolés dans l'exercice de leurs fonctions. Nous avons l'intention de poursuivre et d'intensifier ce programme, le cas échéant en partenariat avec l'EHESP et en lien avec la DGOS et la DGCS.