Intervention de Christian Anastasy

Réunion du 17 février 2015 à 9h30
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Christian Anastasy, directeur général de l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux :

Non.

À la question « Organisez-vous des accompagnements individuels pour préparer à certaines prises de fonction ? », la réponse est non. C'est le Centre national de gestion (CNG) qui est responsable en la matière.

J'en arrive à une de vos questions, qui entre dans notre coeur de métier : « Votre agence peut-elle aider des professionnels à mettre en place des groupes ressources pour permettre des échanges d'expérience entre "pairs"? Ce genre d'initiative vous paraît-il souhaitable et possible pour inciter les directeurs financiers à partager leur expérience dans la gestion des emprunts à risques ? »

Je ne répondrai pas spécifiquement à la question s'agissant des directeurs financiers, mais d'une façon générale, nous aidons les professionnels à mettre en place des groupes ressources, que l'on appelle des cercles de professionnels. C'est un cercle de professionnels qui a mis au point le projet de gestion des lits, qui est aujourd'hui, à la demande de la ministre, déployé à grande échelle. Une soixantaine de directeurs d'établissements, de médecins et de soignants ont travaillé ensemble, d'abord au sein de l'ANAP, puis ont pris progressivement leur autonomie et ont constitué un cercle indépendant qui rend compte à l'ANAP et travaille en lien avec celle-ci.

L'apprentissage par les pairs est déterminant pour conduire des politiques de transformation. On peut faire le parallèle avec le compagnonnage chez les artisans, car il s'agit de valeurs qui transcendent tous les métiers. Nous disposons ainsi, au sein de l'Agence, du concours d'une dizaine de collaborateurs médecins.

De même, en matière d'organisation des pharmacies, nous avons créé un outil intitulé « Inter diag Médicaments ». Cet outil a été approprié par un certain nombre de pharmaciens, de médecins, de directeurs, qui n'avaient pas l'habitude de parler ensemble. Ces cercles de pairs, au sein d'une organisation un peu informelle, ont fait avancer les réflexions en matière d'achat et de ressources humaines.

Je citais tout à l'heure les efforts à faire en matière de concordance des temps de travail des uns et des autres. Nous procédons toujours de la même façon : nous allons voir les acteurs sur place, nous travaillons avec eux dans les établissements et quand quelque chose fonctionne dans un établissement, on en parle dans deux ou trois autres établissements de façon à élargir la réflexion et à nourrir une expérience plus solide. Lorsque le modèle a été généralisé dans trois ou quatre établissements, il peut être progressivement étendu.

Si nous allons vous voir, Madame la présidente, ce ne sera pas pour vous expliquer ex cathedra comment gérer votre hôpital. C'est à vous de nous expliquer les problèmes auxquels vous êtes confrontée. De notre côté, nous essaierons de trouver des solutions avec d'autres présidents de conseils de surveillance.

Nous avons notamment travaillé, avec l'ARS de Bourgogne, à des coopérations territoriales entre différents établissements. Les présidents des conseils de surveillance ont participé à nos réflexions et, l'intérêt des populations et des personnes étant primordial, un consensus s'est progressivement installé.

Nous avons de même bâti, avec l'ARS de Bretagne, un projet permettant d'établir un diagnostic confirmé du cancer du sein en moins de 24 heures. Aujourd'hui, les examens de radiologie, et notamment l'imagerie lourde, ne sont pas rapidement accessibles. Certaines femmes peuvent attendre jusqu'à cinquante ou soixante jours pour avoir confirmation du diagnostic, ce qui n'est pas acceptable. Lorsque nous avons suscité ce projet collectif, les clivages politiques, politiciens, statutaires ou syndicaux sont tombés, car tout le monde a été mû par l'idée de progresser utilement. Le travail collaboratif entre pairs est déterminant. Nous sommes en quelque sorte les maïeuticiens du changement, nous essayons « d'accoucher les bonnes idées » et de promouvoir des modes de comportement collectif qui permettent d'autant mieux de diffuser les bonnes pratiques qu'elles sont appropriées par les acteurs de terrain.

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