Intervention de Christian Anastasy

Réunion du 17 février 2015 à 9h30
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Christian Anastasy, directeur général de l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux :

Il y a, certes, des exemples, mais il n'en demeure pas moins qu'il est plus facile de reconvertir du patrimoine immobilier à Paris, et j'ai peu d'inquiétudes sur l'avenir du site de Saint-Vincent-de-Paul. Quant aux Hospices civils de Lyon, ils ont transformé une partie de leur patrimoine historique en grand hôtel. Il y a, à l'évidence, des inégalités géographiques. Pour cette raison, la question que vous posez ne permet pas de donner une réponse immédiate.

En revanche, il est probable qu'il faut se poser la question de savoir si l'on maintient indéfiniment du patrimoine inutilisable ou inutilisé à des fins sanitaires. Travailler dans des hospices qui datent du Moyen Âge n'est pas toujours facile. L'ANAP a accompagné un certain nombre d'opérations de valorisation patrimoniale pour engager une dynamique de changement. Nous conduisons aujourd'hui une vingtaine d'opérations en France pour assouplir l'appréhension de l'utilisation du patrimoine. Il faut se résoudre à vendre les murs inutiles, puisque les besoins de la population ne seront plus forcément à satisfaire dans le cadre de murs immuables, mais progressivement de plus en plus à domicile.

Enfin, aura lieu à Paris, cette année, la Conférence sur le climat. L'ANAP a créé un événement centré sur le développement durable, pour une raison simple : le patrimoine immobilier hospitalier consomme énormément d'énergie fossile et il sera soumis, demain, au paiement d'une taxe carbone très élevée. Certains pays s'interrogent et protègent leurs établissements dans cette perspective. En France, nous n'avons pas encore une conscience très aiguë de ces problématiques, mais la dimension écologique et citoyenne doit être intégrée.

Je ne parle pas du secteur médico-social dont le patrimoine est, dans l'ensemble, encore plus ancien. Le développement de la prise en charge à domicile, la télémaintenance, le télé-service, la télé-radiologie, la télé-imagerie, la télé-éducation sont vraisemblablement des voies d'avenir. Dans le cadre d'une culture immobilière qui n'est pas seulement hospitalière, car nous vivons dans un pays où l'on aime le patrimoine et où l'on restaure les vieilles maisons avec amour, il est difficile d'avoir une vision « libérée » du poids des murs. Il faudrait arriver à se dire que l'on va moins investir dans les murs pour se désendetter et investir davantage dans les nouvelles technologies.

Cela pourrait être motivant pour les acteurs. Il est difficile de parler de dette, car on a toujours l'air de culpabiliser des gens qui ont été pris dans un mouvement très rapide puisque le plan Hôpital 2007 préconisait de construire très vite, ce qui a, très vite aussi, généré une dette. Aujourd'hui, le discours est stigmatisant : « Vous avez trop de dettes et ce n'est pas bien ! » Si l'on pouvait sortir de ce discours négatif pour envoyer un message positif, comme « Investissons davantage sur les nouvelles technologies parce que c'est l'avenir », nous pourrions faire évoluer positivement l'état d'esprit en la matière dans notre pays.

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