Je préciserai en préambule à mon propos que, sans faire le tour de France des fermetures de classe, ce qui nous éloignerait de notre sujet, nous avons créé des postes, là où d'autres, avant nous, en avaient supprimé.
Je me félicite que, lorsque la République se sent en danger, elle fasse d'abord appel à l'école. Certes elle ne peut régler tous les problèmes de la société, mais le fait qu'elle soit en première ligne montre à quel point les Français y sont attachés et font confiance aux enseignants pour défendre les valeurs de la République.
Or notre école est devenue inégalitaire et n'assure plus aujourd'hui la transmission des valeurs de la République à des élèves qui s'estiment, à juste titre, les victimes de cette inégalité. Cela pose la question, moins technique que politique, de l'assouplissement de la carte scolaire. L'école ne brise pas les ghettos, elle les renforce, et les études montrent qu'aujourd'hui la ségrégation scolaire est plus forte que la ségrégation urbaine. C'est la raison pour laquelle le Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée nationale a décidé de se saisir de la question de la carte scolaire.
Une fois ce constat dressé, comment transmettre les valeurs de la République ? L'éducation civique et morale, la laïcité doivent-elles être enseignées comme des disciplines à part entière ? Ne devraient-elles pas au contraire irriguer l'ensemble des disciplines scolaires, jusqu'aux mathématiques ? À l'inverse de M. Trichard, j'ai, en tant qu'ancien professeur d'histoire, la plus grande défiance vis-à-vis d'une approche trop disciplinaire de l'enseignement. C'est un des chantiers auquel doit s'atteler le Conseil supérieur des programmes.