Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 18 février 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Non seulement l'école n'est pas responsable de tous les maux de notre société, mais elle fait encore beaucoup pour engager chaque enfant sur la voie de la connaissance et la voie de la citoyenneté.

Ce qui pose problème à l'école aujourd'hui, c'est le contexte dans lequel elle évolue. On ne peut pas parler d'apartheid ou de relégation – je préfère pour ma part les termes d'inégalités et d'injustice – et penser que l'école peut continuer à jouer son rôle d'ascenseur social.

L'école souffre par ailleurs du décalage entre les annonces faites par les gouvernements successifs et leur mise en oeuvre, souvent compromise par le manque de moyens. La scolarisation précoce est à cet égard un exemple éclairant de mesure dont l'annonce n'a été que très partiellement suivie d'effets.

Je conçois qu'il ne soit pas évident d'aborder dans les classes des questions comme la laïcité, la liberté ou l'égalité sans y être préparé, face à des élèves ayant déjà sur le sujet des opinions forgées à l'extérieur. Comment pensez-vous qu'une formation sur ces questions puisse être assurée au sein des ESPE ? Qui pourrait la prendre en charge ?

L'éducation morale et civique doit-elle constituer une discipline en soi ? Je suis sceptique à ce propos, mais peut-être me contredirez-vous. Ne doit-elle pas, au contraire, traverser l'ensemble des disciplines, et le cas échéant de quelle manière ? La citoyenneté ne se résume pas à la laïcité. Elle englobe évidemment le rapport que le jeune entretient avec la société mais aussi son rapport à la connaissance, à la maîtrise de soi et à son avenir.

Je ne suis pas contre l'idée des réservistes, dès lors qu'ils s'intègrent dans un projet clairement défini par l'enseignant, mais selon quels critères décider que tel ou tel a les compétences pour intervenir au sein de l'école ?

Je suis en revanche très réservée sur la notion de coéducation. Les parents ont certes un rôle à jouer, mais l'adolescent doit pouvoir, à un moment donné, bâtir à l'intérieur de l'école son propre itinéraire, hors du regard de la famille. L'école, en particulier pour les jeunes filles, doit être un lieu d'émancipation.

Enfin, pensez-vous que les élèves non francophones doivent directement intégrer l'école ou qu'il faut au préalable les accueillir dans des structures spécialisées ?

1 commentaire :

Le 05/03/2015 à 15:39, laïc a dit :

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"On ne peut pas parler d'apartheid ou de relégation "

Quand on voit les doubles ou triples menus sur des bases religieuses dans les écoles primaires, comment ne pas parler d'apartheid au sein de notre République laïque ? La religion de l'élève est officiellement prise en compte par les autorités pour en faire un élément de séparation, et ce contre les lois de la République, contre la laïcité, qui veut que chacun soit traité de manière similaire, sans distinction de religion, avec le même repas pour toutes et tous.

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