La place prépondérante de l'enseignement disciplinaire s'inscrit dans le combat quotidien et perpétuel des enseignants qui est au coeur du rôle de l'école publique : celui du savoir contre l'obscurantisme. Les enseignants ne sont pas les seuls à mener ce combat, mais tel est bien leur rôle. Et il est d'autant plus difficile à relancer que les résultats de leurs actions ne sont pas immédiatement quantifiables et évaluables.
Mon organisation syndicale ne s'est pas exprimée spécifiquement sur cette question, mais je devine que nous ne serons guère favorables à un enseignement de la laïcité isolé en tant que tel. La laïcité correspond à une loi et à des règles à faire respecter. Tout le combat entre la connaissance et l'obscurantisme renvoie à cette notion qui est attachée aux valeurs de la République, transmises de manière diffuse et dans toutes les matières. Faire de la laïcité un sujet d'enseignement m'apparaît donc une erreur. De plus, ces évolutions ayant lieu à horaires constants, chaque création de nouvelle matière réduit nécessairement le temps consacré à une autre.
Un exemple est révélateur. Pour mettre en place deux heures d'aides personnalisées, les décrets du 30 juillet 2008 relatifs aux obligations de services, dit « Darcos », ont supprimé trois heures d'enseignement. Ces dispositifs ont eu pour conséquence de supprimer des RASED auparavant établis. Rétablissons les trois heures d'enseignement disparues alors en supprimant l'aide personnalisée, qui n'apporte rien puisque les enseignants qui se trouvent dans l'obligation de la dispenser n'ont ni la formation ni la qualification qui étaient celles des équipes des RASED, et nous pourrons ainsi améliorer l'enseignement du français sur lequel vous m'interrogiez.
À notre sens, l'évaluation de la capacité des candidats aux concours de l'enseignement à faire partager les valeurs de la République ne peut se faire qu'avant le concours. Après le concours, elle constituerait une épée de Damoclès au-dessus de la tête des stagiaires, susceptible en permanence de remettre en cause leur titularisation. Cela irait à l'inverse de la nécessité de renforcer l'autorité des enseignants et reviendrait à les fragiliser. Nous attendons au contraire de l'institution, puisque la question nous a été posée, qu'elle protège, qu'elle encadre et qu'elle accompagne avec bienveillance les personnels. Elle ne peut pas les encourager à prendre des initiatives, comme elle l'a fait face aux attentats du mois de janvier, pour les sanctionner ensuite lorsque leurs tentatives se heurtent à des difficultés.
L'enseignement culturel, artistique et sportif, évoqué dans vos questions, doit rester dans l'école et dans l'éducation nationale, sous l'autorité de l'État : il ne saurait être transféré à quiconque, qu'il s'agisse d'associations ou de collectivités territoriales.
De même, la liberté pédagogique a bel et bien un cadre, celui fixé par les programmes nationaux. Les enseignants ne font pas ce qu'ils veulent quand ils veulent : leur indépendance professionnelle s'exerce uniquement dans le respect des programmes nationaux auquel veillent, au quotidien, les corps d'inspection, lorsque bien sûr ils demeurent en nombre suffisant pour le faire.
À Force Ouvrière, nous ne considérons pas que les relations entre enseignants et parents d'élèves soient particulièrement mauvaises ou singulièrement marquées par un mépris réciproque. Je crois même à l'inverse que ces relations sont d'une qualité toujours croissante. Je connais mieux le sujet concernant les écoles primaires et maternelles, et je peux vous dire que les rencontres avec les parents de nos élèves sont quotidiennes et fécondes. La question des relations avec les fédérations de parents relève à mon sens d'un tout autre débat.