Intervention de Pierrette Crosemarie

Réunion du 3 mars 2015 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Pierrette Crosemarie :

Monsieur le président, je pense que vous avez raison à propos de la BPI. Il y a un vrai problème pour le financement des petits projets et des petites entreprises. On nous a dit que la BPI prenait la suite de la BDPME, puis d'Oséo. Or, la vocation de la BDPME était de financer de petites entreprises. En outre, s'agissant d'Oséo, j'entendais déjà au Conseil les acteurs se plaindre que cet organisme ne diffusait pas dans les Outre-mer tous les produits qui existaient en métropole. Mais au moins Oséo proposait-il des produits.

On nous a dit qu'ils allaient diffuser tous les produits qui existent en métropole. Mais on rencontre toujours le même problème s'agissant des petites entreprises. J'ai l'impression qu'ils conçoivent leur rôle au service des grandes entreprises, des grands projets, et qu'ils oublient la case « petites entreprises ».

C'est si vrai que nous avions proposé que le prêt à la création d'entreprise, le PCE, qui était diffusé par la BPI, qui venait en complément de prêts bancaires et qui était bien diffusé en métropole, puisse être diffusé dans les Outre-mer par les instituts de microfinance, dans la mesure où il ne l'était pas par le réseau bancaire ultramarin. Or, nous avons appris que ce prêt avait été supprimé le 1er janvier. Nous avons donc dû d'abandonner notre proposition qui était de diffuser le PCE dans les Outre-mer.

Malgré tout, nous avons écrit qu'il fallait qu'un outil au service des petites entreprises vienne compléter ce que pouvait faire l'IMF. Sinon, et vous avez raison, entre le tout petit projet et le grand projet, il n'est pas possible de faire grandir son entreprise et de la pérenniser entre trois et cinq ans. C'est un vrai problème. Voilà pourquoi, par pragmatisme, nous proposons que le microcrédit puisse être alloué au-delà de cinq ans, ce qui n'est pas le cas normalement. Mais normalement, on devrait avoir trouvé un financement classique…

Vous m'avez enfin interrogée à propos de la tontine. À Mayotte, on pratique un système voisin, celui du shikoa : cela consiste, dans un collectif, à se prêter mutuellement pour réaliser un projet ; l'année suivante, c'est quelqu'un d'autre qui en bénéficie. Le système repose sur la confiance et solidifie les liens entre la collectivité. On s'en est inspiré pour cautionner collectivement du microcrédit.

Je pense qu'il faut prendre le shikoa comme un point d'appui pour développer d'autres pratiques de crédit. En tout cas, à Mayotte, cela fonctionne pour des projets très divers, économiques ou personnels – par exemple, pour financer une noce. Le problème se pose toutefois pour les projets d'activité économique pérenne, qui nécessitent un accompagnement. Or, dans le shikoa, il n'y a pas d'accompagnement. Donc, la formule de microcrédit que je préconise a un intérêt : c'est une formule de microcrédit accompagné.

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