Dès février 2011, alors que le sujet n'était pas d'actualité, nous avions appelé de nos voeux la création d'une banque publique d'investissement, avant de préciser notre attente en avril 2012 : ce devait être une véritable banque publique des entreprises regroupant tous les métiers du financement des petites et moyennes entreprises (PME), mais aussi des très petites entreprises (TPE). Le monde des aides publiques aux entreprises était atomisé, le besoin d'un guichet unifié – par préférence à un guichet unique – s'adressant à tous types d'entrepreneurs se faisait sentir. Les intéressés avaient besoin de se développer tant sur le marché national que sur le marché européen ou dans les pays tiers. La création de Bpifrance, en 2013, a répondu à nos attentes.
Aujourd'hui, sous réserve de possibles aléas liés à la crise, la CGPME considère que l'opération est réussie. Bpifrance a su capitaliser sur la bonne image d'OSEO, ce qui, en janvier 2013, alors qu'il était question de conserver ce nom pour la nouvelle institution, n'était pas évident. Si le pari a été tenu, c'est grâce à la qualité, à la compétence, au dynamisme et au dévouement des équipes, c'est grâce à Nicolas Dufourcq – dont l'action a été d'autant plus méritoire qu'il n'est pas issu du monde des PME, mais de celui de la grande entreprise –, et aux directeurs qui ont su assembler au sein d'une entité unique trois ou quatre métiers au départ disparates.
Alors que nous pensions que le préfinancement n'était pas le meilleur outil pour nos entreprises, j'ai pu écrire, depuis, qu'il ne fallait pas tirer sur le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Ce dispositif bénéficie aussi aux TPE ; pouvoir leur fournir un préfinancement parfois de 850 euros constitue une mesure d'ordre public.
Bpifrance a su présenter des offres lisibles en période de crise. Les patrons de PME et de TPE ne sont pas des spécialistes du financement. Bpifrance a réuni six métiers qui vont de la garantie jusqu'au capital développement. Ces offres ne s'adressent pas à toutes les entreprises, car l'institution n'est pas une banque universelle et ne propose pas d'accès direct, mais vient souvent en garantie pour nos entreprises. Elle constitue donc un élément complémentaire et permet un effet de levier pour les entreprises à la recherche de capitaux.
Comment assurer la pérennité de cette réussite ? Nous sommes encore en période de crise et nos entreprises ont besoin de soutien : le niveau d'investissement est faible et, dans le domaine de l'export, c'est le désert. La BPI doit rester une banque publique et ne pas se prendre pour une banque comme les autres, car son attrait réside précisément dans sa singularité. Il faudra qu'elle dispose de davantage de moyens humains pour s'adapter à un monde du financement qui a changé. Les banques universelles sont devenues plus agressives – ce qui est une bonne chose – et elles appliquent la règle du « un pour un ». La BPI doit continuer à mettre en place ses outils, à accompagner les entreprises en conservant son rôle de levier et à inciter les entrepreneurs à aller là où ils ne pensent peut-être pas à s'aventurer.
Il ne saurait y avoir de développement ni de croissance sans PME présentes sur l'ensemble des territoires. Même si l'on constate parfois des retards, imputables à des manques de moyens financiers et humains, Bpifrance doit continuer d'accompagner les entreprises, particulièrement à l'export. Si l'Europe constitue le premier échelon, les autres pays sont une cible incontournable. On met en avant quelques belles PME qui réussissent, mais le résultat global reste très faible. Il suffit, pour s'en convaincre, de regarder les résultats de la balance de nos paiements extérieurs.