Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) que je représente disposent d'une surface financière plus robuste que les PME. Depuis cinq ans, elles se sont engagées dans une action de consolidation de bilan, d'augmentation de la part des fonds propres et de meilleure gestion de la trésorerie. C'est un secteur dynamique pour lequel les financements par les banques sont plus rapides et plus aisés : les chiffres de la Banque de France pour le quatrième trimestre 2014 donnent 88 % d'obtention de lignes de crédit et 93 % pour le crédit à l'investissement.
S'il faut saluer la création de la BPI, le slogan trop répandu « BPI égale ETI » ne correspond pas à la réalité, qui est plus complexe. L'apport de l'établissement, plutôt que financier, a été de nous faire mieux connaître dans le débat public. Les travaux conduits par Bpifrance, en termes d'information sur cette catégorie d'entreprises, donnent corps à cette réalité que défend notre syndicat. Nous avons récemment établi un baromètre du financement des ETI par la BPI sur l'ensemble du territoire national : nos adhérents saluent la bonne lisibilité de l'offre. On remarque aussi une meilleure cohérence des leviers de financement. La présence territoriale constitue aussi un atout, même si elle doit être améliorée. Il arrive parfois que des dirigeants d'ETI ne trouvent pas d'interlocuteurs locaux. La communication relative à la présence locale, qui a été l'un des éléments structurants de la création de la BPI, doit être augmentée. Autre point fort : l'ambition d'internationalisation. La BPI sert d'aiguillon aux ETI à l'international.
La reprise des métiers antérieurement dévolus à OSEO donne satisfaction : en la matière, on continue « business as usual ». Au moment de l'élaboration du projet, nous avions fait savoir que nous attendions une amélioration de la qualité du service rendu. Les solutions de crédit telles la garantie, le prêt participatif ou l'avance remboursable interviennent dans des délais satisfaisants et à des taux encourageants, même si cela dépend de la solidité financière de l'entreprise concernée.
J'apporterai un bémol au sujet de l'action de la BPI dans le domaine de la prise de participation equity – en d'autres termes, en capital fermé —, peu adaptée au mode de financement des ETI compte tenu de leur caractère familial ou patrimonial. Au demeurant, je reconnais la réussite de fonds sectoriels tel Aerofund ou de prises de participations dans de belles ETI à très forte croissance, comme Criteo, mais les ETI ont-elles l'usage de ce type de financement ? Le sujet ici n'est pas vraiment le financement, car le cash est disponible, mais plutôt les projets d'investissement.
Enfin, le parent pauvre du financement d'entreprise demeure la quasi-ETI qui se caractérise par des investissements plus lourds que les PME classiques, sans avoir pour autant la solidité d'une ETI. L'investissement, plus risqué, freine les grands réseaux bancaires. Par ailleurs, la doctrine d'intervention de la BPI, de façon très claire, ne s'adresse pas à ces entreprises, qui constituent pourtant le réservoir des ETI de demain. Il ne faudrait pas que les quasi-ETI se trouvent exclues du champ des politiques de financement des établissements bancaires, que ceux-ci relèvent du droit privé ou du droit public.