Il reste aux entrepreneurs à s'approprier Bpifrance. Or, moi qui suis entrepreneur depuis une vingtaine d'années, j'ignorais, avant d'adhérer à la CGPME il y a huit ans, ce qu'étaient la Banque de développement des PME (BDPME) et OSEO. Un patron de TPE, qui, tous les jours, a le nez dans le guidon, n'aura jamais connaissance de l'existence de Bpifrance si son banquier ne lui en parle pas, s'il n'assiste pas à nos réunions ou s'il ne voit pas la publicité dans les magazines. Ces chefs d'entreprise ont donc du chemin à parcourir, mais les organisations patronales, les CCI et les experts-comptables sont là pour valoriser le rôle de Bpifrance.
Cependant, Bpifrance n'est pas et ne doit surtout pas devenir une banque comme les autres. Elle est loin d'avoir les moyens des grands réseaux bancaires. Évitons donc de lui confier des missions qui ne sont pas les siennes.
Cela dit, au terme de ses deux dernières premières années d'existence, je constate que les choses fonctionnent bien sur le terrain, où il existe des TPE dynamiques, qui n'innovent d'ailleurs pas que dans le domaine technologique.
Quant à l'information régionale, les organisations patronales s'y emploient par le biais de la représentation territoriale et des comités d'orientation régionaux de Bpifrance : ceux-ci comprennent des entrepreneurs de tous niveaux et fonctionnent bien.
À l'export, la communauté d'intérêts qu'est Business France est une bonne chose pour nous. Mais ce n'est pas en quelques mois que nous pourrons inverser une tendance qui prévaut depuis plusieurs années. Jean-François Roubaud a été l'auteur de deux rapports au Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur l'importance du développement des PME à l'export.
Ainsi que vous l'avez souligné, monsieur le rapporteur, la transmission et les fonds de retournement sont des enjeux décisifs. Nos PME les plus dynamiques doivent pouvoir compter sur tous les soutiens et sur toutes les « assurances » en matière de crédit-bail et d'assurance-crédit afin de pouvoir répondre aux commandes qui leur sont adressées et exaucer leur souhait de développement, de reprise ou de transmission.
Enfin, vous avez raison, il convient d'être attentif aux « failles » du marché, marché qui a beaucoup évolué depuis deux ans. Grâce au travail qu'elles ont accompli dans le cadre des Assises du financement des entreprises, les organisations patronales ont obtenu que la garantie de 100 000 euros que nous accordait OSEO soit portée à 200 000 euros. C'est une bonne chose, même si cela a un coût pour les banques.
Nous disposons aujourd'hui d'une palette d'outils comprenant notamment le financement des PME par le marché – avec Euronext et Alternext, la bourse des PME – et le capital-développement – qui avait jusqu'à présent été délaissé. Ne bridons pas les initiatives privées : il ne faudrait pas que Bpifrance marque trop le chemin de la libre concurrence et du marché. Nous sommes très attachés à ce que le capital-développement puisse investir dans les entreprises, surtout par le biais de tickets d'un montant inférieur à ceux qu'accorde Bpifrance, qui s'élèvent au minimum à 1 million d'euros, afin d'aider nos TPE à franchir une étape supplémentaire. Nous avons besoin aussi de la titrisation et de l'émission d'obligations par les PME – dispositif qui se met en place aujourd'hui. Nous sommes demandeurs d'une législation plus souple en matière de financement participatif – condition d'un développement de proximité.
Enfin, ne négligeons pas le rôle des banques : ayant contribué à deux rapports de l'Observatoire du financement des entreprises, l'un relatif au financement des TPE en février, l'autre portant sur les PME et les ETI en avril 2014, je puis vous assurer que, depuis quelques mois, les banques ont beaucoup plus tendance à jouer leur rôle dans le financement des PME. Le seul problème que nous ayons est celui de l'autocensure des entrepreneurs : seuls 8 à 9 % des fonds PME leur sont distribués. Peut-être la palette d'outils mise en place par Bpifrance pourrait-elle nous redonner de la confiance et nous permettre de nous développer.