Merci pour cet aperçu historique des missions de maintien de l'ordre. Sans vouloir vous contredire, on peut observer une certaine difficulté à distinguer, au départ des manifestations, entre les catégories d'opposants. Les éléments les plus radicaux peuvent d'abord se fondre dans la masse avant de passer à l'action au moment qui leur paraît opportun. N'est-il pas alors déjà trop tard ?
Cette question me conduit tout naturellement à celle du renseignement : celui-ci vous paraît-il suffisamment efficace et précis pour préparer vos opérations au mieux ?
Le maintien à distance des opposants est bien entendu l'un de vos objectifs, mais, désormais, des éléments radicaux puissamment armés – de fusées horizontales, d'objets métalliques ou de cocktails Molotov –, parfois retranchés dans des casemates, occupent des territoires qu'il vous faut donc reconquérir par des opérations quasi militaires : êtes-vous suffisamment armés pour le faire ? Rappelons que vous êtes désormais privés des grenades offensives, même si vous disposez d'autres moyens. Une intervention du groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM), par exemple, est-elle envisageable ?
L'aggravation de la violence dans les manifestations n'est-elle pas un effet de l'inadaptation de la réponse pénale ?
Enfin, les effectifs des groupements de gendarmerie mobile vous semblent-ils suffisants ? Vos collègues CRS parlaient tout à l'heure d'effectifs théoriques de 131 ou 132 fonctionnaires par compagnie, contre 80 dans vos groupements : combien cela représente-t-il de personnels sur le terrain ? Si ces moyens s'avèrent insuffisants, sont-ils appuyés par des forces de police ou de gendarmerie non spécialisées dans le maintien de l'ordre ? Dans l'affirmative, comment s'opère l'articulation ?