Intervention de Chef d'escadron Mélisande Durier

Réunion du 5 mars 2015 à 10h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Chef d'escadron Mélisande Durier, compagnie de gendarmerie départementale de Mantes-la-Jolie :

J'ai la faiblesse de croire que nous sommes bien formés, que notre école de Saint-Astier nous prépare à être engagés dans des opérations variées et que nous disposons de schémas tactiques qui s'appliquent dans toutes les situations. Nous passons très facilement de périodes statiques de défense à des périodes plus offensives avec reconquête du territoire. Nous parvenons à localiser très vite les éléments radicaux, qui ne tardent pas à venir au contact : ils sont malins, arrivent de façon un peu insidieuse à prendre attache avec les gendarmes mobiles, on sent la violence monter rapidement, mais cela nous permet aussi d'essayer de désamorcer la situation.

Nous sommes bien équipés pour faire face aux phases de violence, mais, ce qui fait surtout notre force, c'est le collectif. À Notre-Dame-des-Landes, un gendarme du peloton d'intervention interrégional de la gendarmerie nationale (PI2G) d'Orange a été grièvement blessé : les opposants, très violents, nous harcelaient sans cesse. Le commandement est situé en retrait de la ligne de contact direct, ce qui lui permet de distinguer des choses que ne voient pas ceux qui sont en avant : c'est ainsi que, à un moment donné, nous avons vu 150 bouteilles de verre lancées sur nous. J'ai alors pensé que j'allais avoir quinze blessés dans mon escadron, mais, quand j'ai procédé au débriefing avec mes gendarmes, ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas remarqué cette pluie de bouteilles. La cohésion est tellement forte – c'est difficilement explicable – qu'elle nous permet de lutter efficacement contre l'opposant.

Dans un escadron, il n'y a pas d'action individuelle, il n'y a que des actions collectives. Or, même après un engagement statique de près de quatorze heures, où les gendarmes sont restés debout sans boire ni manger, on ne constate pas d'usure du personnel. La connaissance que nous avons de chacun fait que l'on a su extraire à temps ceux qui pourraient avoir envie de répondre aux opposants qui nous harcèlent. Mais nous ne répondons pas à la provocation. Les gendarmes mobiles sont bien formés et ont une exceptionnelle capacité de résilience. Au-delà de la formation militaire, c'est donc tout un esprit de cohésion qui fait qu'un escadron est particulièrement soudé, notamment autour de ses chefs, et que l'on arrive à maîtriser des situations qui pourraient très vite dégénérer.

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