Intervention de Anne-Yvonne Le Dain

Réunion du 11 mars 2015 à 10h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Yvonne Le Dain, rapporteure :

J'apprécie beaucoup la référence aux bénédictins, que l'on peut créditer non seulement du sens du travail mais aussi de l'invention d'une boisson délicieuse !

Ce dont nous parlons n'est pas anodin. À propos de l'idée selon laquelle le masculin serait le neutre en langue française, j'aimerais rappeler la manière dont l'Académie française avait répondu dans les années 1960 à Françoise Giroud, qui l'interpellait à propos de la nécessité de féminiser les noms, qu'elle « ne consacrait que l'usage ». J'étais un peu jeune à l'époque, mais j'avais apprécié la formule ! Il faut donc créer l'usage.

Ce n'est qu'à l'époque sulpicienne que l'Académie française nouvellement créée a décidé, au terme d'un combat formidable avec l'Église, que les adjectifs s'accorderaient désormais en genre et en nombre avec le nom masculin du groupe de mots, et non plus, pour des raisons euphoniques, avec le terme le plus proche et le plus élégant.

Les langues sont des construits sociaux qui progressent de manière régulière et constante. Si nous nous en tenions à des postures incarnées par l'Académie française, nous serions très rétrogrades. En matière de langue française, en Suisse, en Belgique et au Canada, les choses ont évolué dans un sens qui me sied bien davantage que ce qui a été évoqué ici.

Je ne renonce pas ; j'entends l'observation que le président Urvoas a formulée avec beaucoup de sagesse et d'élégance ; finalement, nous pourrions peut-être en reparler dans l'hémicycle. Je retire donc mon amendement.

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