Intervention de Général Alain Coroir

Réunion du 10 mars 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Alain Coroir, délégué aux réserves de la gendarmerie nationale :

Je m'inscris en faux contre cette vision des choses. De même que contre l'idée selon laquelle nous n'aurions pas suffisamment d'argent, puisque, comme je l'ai rappelé, le directeur général a régulièrement abondé le budget. Et, pour avoir dirigé la région Franche-Comté jusqu'en 2011, je puis vous dire que nous n'avions pas de difficulté pour recruter des jeunes. On m'a certes signalé quelques problèmes dans la Nièvre, mais cela n'empêche pas de recruter des réservistes dans les départements voisins et de faire face aux besoins sur l'ensemble de la région.

Vis-à-vis des employeurs, toutes les informations que nous avons montrent que les réservistes ne se dévoilent pas. Ils s'organisent tout seuls, en prenant sur leur temps libre. Beaucoup préfèrent ne pas en parler à leur employeur de peur que cela leur nuise à un moment ou à un autre. Mais ils ne s'en plaignent pas et ce n'est pas un frein.

Si la loi prévoyait dix jours de dispense au lieu de cinq, sans doute faudrait-il que l'approche des employeurs change aussi. Le risque est que, dans cette hypothèse, en cas de plan de licenciement, par exemple, les réservistes soient les premiers sur la liste.

Chaque commandant de groupement organise ses recrutements en fonction de sa maquette et procède donc au renouvellement de ses effectifs. Et ce n'est pas parce qu'un retraité de la gendarmerie fait part de son souhait de souscrire un contrat qu'il aura satisfaction.

Quant à la réactivité, elle est assurée par le logiciel Minotaur. En dehors des événements prévisibles, le gestionnaire peut en cas d'urgence envoyer un message, que le réserviste peut découvrir dix minutes après et auquel il peut répondre instantanément. Je rappelle que nous avons aussi des réservistes sans emploi, donc très disponibles.

Il n'existe pas de budget spécifique pour la formation. Et lorsque le commandant de région décide d'organiser un stage de formation, il le calibre selon son besoin et le finance sur son budget. L'été prochain, nous organiserons ainsi une grande préparation militaire à Saint-Astier pour 200 ou 300 personnes, les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées, Limousin et Poitou-Charentes se groupant pour faire des économies d'échelle. Ce type de formation initiale permet d'apprendre à marcher au pas, les grades, à intercepter un véhicule, la protection individuelle et mutuelle, à interpeller quelqu'un ou le tir notamment. Il mobilise cinq ou six instructeurs réservistes.

Il ne m'appartient pas de dire quel serait le budget idéal. Mais celui de la fin 2014 me convient. Car il répond à ma préoccupation de motiver, d'intéresser et de fidéliser nos réservistes. Je rappelle qu'en 2013, le taux d'emploi moyen par réserviste était de 17 jours par an.

Quant aux critères de répartition, ils sont au prorata des effectifs du personnel d'active et tiennent compte de l'activité. Les départements qui en emploient le plus sont par exemple l'Isère ou la Gironde, avec plus de 500 , et ceux qui en emploient le moins, la Creuse, la Lozère ou l'Ariège, avec plus de 150. Il est vrai que l'Isère, la Drôme ou le Rhône sont en surchauffe et, dans ces départements très sollicités, le gestionnaire doit faire du sur-mesure.

Là encore, le dispositif est très souple : dans des départements comme la Creuse ou l'Ariège, le commandant de groupement peut mobiliser 50 à 60 réservistes en vingt-quatre heures si un événement le justifie. Et si le jour suivant, celui-ci est terminé, il n'a plus besoin de faire appel à eux.

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