France Télévisions, qui vient de traverser une décennie au cours de laquelle son modèle économique et médiatique s'est considérablement dégradé du fait d'un environnement audiovisuel particulièrement évolutif, se trouve à la croisée des chemins. La concurrence d'un univers médiatique mondialisé et fragmenté, l'érosion de son audience, la tension budgétaire qui pèse sur son financement, son organisation managériale sont autant de défis dont dépendent, à terme, sa place dans l'audiovisuel public et, sans doute, sa capacité à assurer sa mission de service public.
France Télévisions dispose naturellement d'atouts indéniables pour relever ces défis. Il n'en reste pas moins que la situation est préoccupante. Le projet qui sera mis en oeuvre lors du prochain mandat est, par conséquent, décisif pour son avenir.
Madame la ministre, je souhaite vous interroger sur trois points.
Les mutations profondes de l'environnement créent des défis majeurs pour France Télévisions, notamment en matière de transition numérique et de diversification des formats, alors même que le soutien financier de l'État ne pourra pas se renforcer. Aussi, je souhaite savoir s'il est envisagé, à l'heure actuelle, que les contenus enrichis et les nouveaux usages fassent l'objet d'une valorisation, et par conséquent d'une contrepartie distincte de la redevance audiovisuelle ?
Ma deuxième question porte sur le rayonnement de la culture et de la créativité française, qui devront être au coeur du prochain mandat, ainsi que vous avez déjà eu l'occasion de le souligner. Vous entendez notamment encourager la production de séries de fiction innovantes, genre pour lequel il existe une demande internationale forte, en particulier de la part du public jeune. Cela implique, tant pour l'État que pour l'entreprise, de mettre en place de nouveaux outils de mesure de l'impact des programmes, qui ne soient pas liés aux seuls taux d'audience. Pouvez-vous nous préciser à quel type d'outils vous pensez et nous indiquer comment ils garantiront l'équilibre entre ambition culturelle et performance économique ?
Enfin, ma troisième interrogation a trait au CSA. Depuis sa nomination à la tête de cet organisme de régulation, son président fait l'objet d'un certain nombre de critiques, concernant notamment une conception du pouvoir très centralisatrice. On relève que près de huit personnes lui sont directement attachées. Si une telle pratique existe bien dans les cabinets ministériels, c'est du jamais vu dans cette institution. Madame la ministre, sans m'éloigner de notre sujet, je voudrais revenir sur les propos que vous avez tenus sur France Inter le 5 mars dernier : « Il appartient au président du CSA de choisir celui qui sera le prochain président de France Télévisions. » Cette déclaration va à l'encontre des procédures légales de désignation des présidents des organismes publics de radio et télévision, la décision relative à leur nomination devant être prise collégialement par les huit membres du CSA. Ces propos indiquent-ils que le président du CSA détiendrait des pouvoirs nouveaux que nous ne lui connaissons pas, ou bien revenez-vous sur ces déclarations qu'il faudrait alors seulement remiser sur les étagères des maladresses gouvernementales ?