Je me réjouis d'autant plus du plaidoyer de M. Fasquelle en faveur d'une expertise indépendante que j'ai le souvenir de M. Accoyer s'opposant vivement à l'audition des représentants des ONG par la commission d'enquête sur les coûts de la filière nucléaire, au motif qu'il ne s'agissait pas d'experts.
Cela étant, quel impact aura la situation d'Areva sur la filière nucléaire ? Au-delà des erreurs majeures qui ont été commises sans qu'aucun système d'alerte des autorités de tutelle n'ait fonctionné, la filière nucléaire connaît incontestablement un problème de business model : ses coûts ne cessent de grimper, qu'il s'agisse du grand carénage, de la construction de nouveaux réacteurs, de leur démantèlement ou du traitement des déchets. La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est passée en quinze ans de 18 à 11 %, selon une courbe significativement décroissante, particulièrement en Europe. Quelles sont donc, selon vous, les perspectives de cette énergie très coûteuse, notamment en ce qui concerne les turbines ?
Vous avez évoqué les turbines à destination du parc français et celles destinées aux réacteurs que nous exportons ; certes, mais lesquels ? les deux réacteurs d'Hinkley Point ? Compte tenu de l'importance des recours déposés contre le projet, on ne sait s'il aboutira un jour. La dizaine de réacteurs envisagés à l'horizon 2016 relèvent aujourd'hui du fantasme, même si l'on tente aujourd'hui d'en vendre à l'Arabie saoudite, dont chacun sait les problèmes qu'elle peut avoir pour se fournir en énergie et dont on peut s'interroger sur les véritables raisons qu'elle a de vouloir s'équiper d'un réacteur nucléaire – à des fins civiles ou militaires ? Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le sentiment que le nombre de réacteurs nucléaires vendus par la France à l'étranger puisse vous procurer une activité suffisante. Vendez-vous donc des turbines à d'autres fournisseurs ?
Pour ce qui concerne les énergies renouvelables, je suis resté sur ma faim. Quelles sont vos perspectives dans ce secteur ? En tant qu'investisseur dans l'éolien terrestre, pensez-vous qu'il soit pertinent d'imposer, comme vient de le voter le Sénat, une distance de mille mètres entre les habitations et les éoliennes, ce qui reviendrait à devoir renoncer à 90 % des projets en cours ? Ces contraintes sont-elles le meilleur moyen de développer l'emploi dans le domaine de l'énergie ?