C'est un bon projet pour Alstom, pour ses salariés et pour la France. Vous me demandez pourquoi je n'ai pas cherché à créer un grand groupe. À cela je vous réponds que nous avons créé un grand groupe qui s'appuiera sur la puissance financière de General Electric qui nous manquait.
Siemens est un grand groupe que je respecte. Les propos qui ont été publiés dans la presse par le président de Siemens intègrent un certain nombre de jugements que je considère comme inacceptables et j'ai demandé à mes conseils d'étudier les suites judiciaires qu'il convient de donner. Ces propos donnent le sentiment que des considérations personnelles, qu'une espèce de racisme anti-allemand m'auraient conduit à écarter l'offre de Siemens. D'ailleurs, c'est aux 8 000 salariés d'Alstom en Allemagne qu'il faut demander s'ils estiment que les propos de M. Kaeser sont indignes, ce que je pense. Cette espèce de racisme anti-allemand semble contagieux puisque mon conseil d'administration a considéré, à l'unanimité, que ce n'était pas un bon projet.
En ce qui concerne la proposition du président de Siemens de construire un « Airbus du rail », au-delà de son insistance pour essayer de marier à tout prix son activité de transport, ce qui m'interpelle, trois problèmes se posent. Le projet avec General Electric est basé sur les complémentarités avec très peu de recouvrements. Ces recouvrements sont dans des endroits où l'on ne peut pas résister seul. Dans le cas de Siemens, c'est l'inverse : il y a beaucoup de recouvrements et très peu de complémentarités ce qui a trois conséquences. Premièrement, le projet est impraticable en ce qui concerne le droit de la concurrence. Deuxièmement, il est négatif au plan économique parce qu'un plus un fait moins que deux. Troisièmement, il conduirait à un bain de sang social. Voilà trois bonnes raisons qui nous conduisent à ne pas nous précipiter sur ce qui est un mauvais projet.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, 5 % du chiffre d'affaires total de l'activité d'Alstom Énergie est réalisé avec la France. Quant à la part transport, elle représente 20 %. Pour l'ensemble du groupe, on atteint 10 %.
Plusieurs questions ont été posées sur les coentreprises. Je n'ai pas dit – mais peut-être me suis-je mal exprimé – que ces activités étaient absorbées par General Electric. Tous les éléments qui ont été négociés sont strictement en ligne avec l'accord tripartite État, General Electric et Alstom du 21 juin 2014. Il n'y a aucune novation, aucun changement par rapport à cette situation. Je vous répète que la gouvernance est équilibrée, qu'il y a un nombre équivalent d'administrateurs au sein des coentreprises et que nous disposons de la possibilité de céder les titres avec une protection contre une perte en capital. C'est une option, un put en langage financier. Vous ne pouvez pas m'accuser d'avoir obtenu pour Alstom une protection en cas de perte en capital.
Le siège de ces coentreprises sera en France. Bien évidemment, Alstom sera très largement représenté dans ces coentreprises. Quant à l'organisation générale des entités combinées, il ne s'agit pas du tout d'une « dévoration », comme l'a dit un ancien ministre. C'est Jérôme Pécresse qui dirigera l'activité énergies renouvelables, la première des sept activités de General Electric, et qui sera basée à Paris. Mais peut-être considérez-vous que c'est une mauvaise nouvelle pour la France…
Monsieur Laurent, je ne me réjouis pas qu'Alstom soit le consolidé et non le consolidateur. J'en prends acte. Si j'avais eu la possibilité de racheter l'activité énergie de General Electric, j'en aurais été ravi, mais ce n'était pas totalement réaliste. Nous vendons dix turbines à gaz par an alors que General Electric en vend 150. Dans le domaine des éoliennes terrestres, l'activité de General Electric est cinq à six fois plus importante que la nôtre.
Vous avez parlé de la voracité intéressée du haut management. Je pense que c'est une caricature.
Un tiers du montant total du produit de la cession sera effectivement distribué aux actionnaires, les deux tiers restants serviront à consolider Alstom Transport et à le désendetter. À l'issue de cette opération, après réinvestissement dans l'acquisition des activités de distribution de General Electric et investissement dans les coentreprises, Alstom sera totalement désendetté. Demain, Alstom Transport sera plus puissant qu'aujourd'hui pour affronter la concurrence internationale.
Monsieur Sauvadet, oui Alstom combiné à General Electric sera un géant en matière d'énergie.