Intervention de André Chassaigne

Réunion du 11 mars 2015 à 16h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Je poserai quelques questions de mon cru, même si Daniel Fasquelle semble devenu crypto-communiste, à en juger par ses propos que j'aurais moi-même pu tenir en d'autres temps…

Il faut bien comprendre que, pour nous, la filière énergie est un secteur déterminant au point de faire partie de notre identité. Ce n'est pas seulement stratégique : on touche avec lui à notre souveraineté. Aussi faut-il bien comprendre nos inquiétudes.

Il ressort de vos explications ou des courriers que nous avons pu recevoir – en particulier le vôtre, madame Gaymard –, que la France pourrait, d'une certaine manière, se spécialiser dans les turbines à vapeur tout en perdant sa spécialisation dans l'activité nucléaire qui pourrait se déployer ailleurs ; d'où, j'y insiste, notre inquiétude au regard de ce que représente la production d'électricité nucléaire dans notre pays. Je souhaite obtenir des éclaircissements de votre part sur ce point.

Se pose aussi la question – déjà abordée lors de l'audition de ce matin – de la propriété industrielle, notamment de la technologie des turbines à vapeur pour l'activité nucléaire. On nous parle de licences en nous laissant entendre qu'elles pourraient être cédées à des tiers en cas d'impossibilité de livrer des turbines Arabelle, notamment à AREVA et à EDF pour les réacteurs EPR. Je ne comprends pas ces blocages. Pourquoi faut-il des licences ?

On a toujours dit qu'Alstom était le champion de la recherche et développement en France. Or le groupe américain a annoncé un plan d'économies important, à hauteur, ai-je lu, de 1,2 milliard d'euros, au détriment de la recherche, de la production, des achats… Qu'en est-il, dans ce contexte, des sites de recherche comme Grenoble pour l'hydroélectricité, Nantes pour l'énergie marine, Belfort pour les îlots conventionnels des centrales nucléaires, Villeurbanne pour l'appareillage haute tension, Massy pour les transformateurs de puissance ? Vous comprendrez que nous nous inquiétions pour le maintien de ces sites si la recherche devait quitter notre pays pour être réalisée ailleurs. Vous devez nous donner des assurances à ce sujet.

À côté du maintien de l'activité se pose la question du maintien de l'emploi. Vous annoncez la création de 1 000 emplois. Ces 1 000 emplois viendront-ils en complément de ceux qui existent, seront-ils liés au développement d'activités nouvelles ?

GE n'est pas la première entreprise américaine implantée en France. Vous avez évoqué la culture d'entreprise. Or les relations entre les salariés et l'entreprise sont en France bien spécifiques, notamment par le biais des instances représentatives. Avez-vous procédé à des consultations ? Sur les choix stratégiques et d'investissements, quels liens avez-vous avec les actuels salariés d'Alstom ? Les questions touchant aux ressources humaines sont-elles bien posées ? Intégrez-vous la culture française d'association des salariés aux choix stratégiques et d'investissements ou bien procédez-vous de façon unilatérale ? Même si, certes, toutes les entreprises françaises ne correspondent pas à ce schéma, cette dimension est pour nous très importante.

Vous constaterez que je ne vous ai pas posé des questions de bolchevik ultra-révolutionnaire – je les ai laissées à mon collègue de droite…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion