La filière énergie est en effet stratégique, et à l'échelle mondiale : General Electric produit environ un tiers de l'énergie mondiale ! Pour ce qui est des turbines à gaz, si nous avons vendu l'an dernier une machine à l'Europe, nous les vendons surtout en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Asie… Il faut vraiment, dans ce domaine, raisonner en termes mondiaux. Et la France peut, je crois, appuyer nos capacités dans le monde entier.
Dans le domaine nucléaire, en revanche, la France est notre priorité. Peut-être pourrons-nous intervenir sur d'autres installations nucléaires dans le monde, mais depuis l'accident survenu au Japon l'activité s'est, je peux vous l'assurer, beaucoup ralentie. Nous ne pensons donc pas que ce marché croisse à court terme. Nous pensons qu'il faut agir au mieux et mettre au point des technologies en France pour nos clients français ; nous envisagerons ultérieurement d'éventuels développements à l'extérieur.
Quant aux licences, dans l'hypothèse – fort peu probable – où nos collègues français souhaiteraient intervenir dans un pays où certaines réglementations interdisent aux entreprises américaines de travailler, l'accord contient une clause qui permet à EDF, Areva… de remplir leurs obligations. C'est une clause mineure, mais qui nous paraissait importante, et nous avons voulu la proposer au Gouvernement français.
Enfin, le rapprochement de ces deux très grandes entreprises ouvrira sans doute la voie à des synergies ; nous avons effectivement mentionné le chiffre d'1,2 milliards de dollars. Nos deux groupes emploient 65 000 salariés chacun : il y aura donc probablement des doublons. Mais nous voulons surtout croître ensemble : les synergies concerneront donc surtout l'approvisionnement et la commercialisation. General Electric est une compagnie axée sur quelques produits, principalement les turbines à gaz, alors qu'Alstom est finalement une entreprise beaucoup plus diversifiée – récupération de chaleur, générateurs, équilibrage dans les centrales électriques… Aujourd'hui, General Electric achète beaucoup à d'autres entreprises, mais nous allons désormais produire davantage en interne, grâce à Alstom. Cela constituera une source formidable de synergies. Nous pourrons également proposer à nos clients une gamme de produits plus variés. Encore une fois, il y aura sans doute des doublons, et nous y réfléchissons dans le cadre de notre plan d'intégration, en raisonnant à l'échelle mondiale, afin d'améliorer encore l'équation. Mais la majeure partie des économies réalisées devrait venir du fait que nous achèterons et vendrons ensemble.