Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du 18 mars 2015 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Je tiens à remercier Yves Durand pour la qualité de sa présentation, comme de celle d'ailleurs de sa présidence du Comité de suivi. Ce point d'étape nous est particulièrement précieux, notamment s'agissant de la réforme de la formation des enseignants.

À cet égard, vous connaissez ma crainte que les nouveaux ESPE ne reproduisent le « pédagogisme » qui avait tant fait pour affaiblir la légitimité des anciens instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). Quelles nouveautés ces établissements ont-ils réellement apporté en ce qui concerne la formation professionnalisante des enseignants ? Les relations presque conflictuelles que vous évoquez avec les universités pourront-elles être rapidement apaisées, les bienfaits d'une formation in situ étant connus de tous ?

Par ailleurs, un rapport récent d'un médiateur académique de l'éducation nationale a montré sans ambiguïté combien les élèves obéissent moins souvent, souffrent régulièrement, et combien les relations entre les parents et les professeurs se dégradent et le métier d'enseignant se corse. Cela n'a rien de nouveau, il est vrai. Mais ce rapport conclut en indiquant que la compétence humaine d'un professeur prend aujourd'hui le pas sur la maîtrise de sa discipline et sur la pédagogie. Cet aspect du métier d'enseignant est-il efficacement abordé au sein des ESPE ?

Dans le contexte de la mobilisation pour les valeurs de la République annoncée par la ministre de l'éducation nationale à la fin du mois de janvier, est apparu en pleine lumière l'énorme besoin en formation continue des enseignants. À la suite des événements dramatiques de janvier, il a été décidé de former 1 000 formateurs, qui devront eux-mêmes former ensuite 300 000 enseignants d'ici la fin de l'année 2015. Comment les ESPE sont-elles mobilisées sur ce point ?

La formation dispensée au sein des ESPE est-elle réellement axée sur la culture du socle, sur l'essentiel que représente savoir lire, écrire et compte ?

Je suis surpris que le récent rapport de la Cour des comptes sur le suivi individualisé des élèves n'ait pas été évoqué. Il souligne l'inefficacité d'une politique qui bénéficie pourtant de près de deux milliards d'euros de crédits, en raison d'orientations hésitantes et d'un pilotage défaillant. Or le socle, dont l'importance a été consacrée par la loi pour la refondation de l'école, doit être acquis par l'intégralité des élèves. Répondant à ce constat, la Cour des comptes souhaite que soit systématisée la formation des enseignants à la prise en compte de l'hétérogénéité des élèves. Même si cela n'est pas nouveau – l'établissement Louis-le-Grand a mis en place ces formations dès les années 1970 –, une enquête indique que 55 % des collèges déclarent aujourd'hui qu'aucun de leurs enseignants n'a été formé à l'accompagnement personnalisé. Le constat dans le primaire est sans doute comparable, ce qui est d'autant plus regrettable que cette formation permettrait de multiplier l'efficacité du dispositif « plus de maîtres que de classes ». Dès lors, comment les ESPE vont-elles assurer la formation au suivi individualisé, à l'intérieur de la classe et non à l'extérieur, ces suivis individualisés hors des classes étant considérés comme inopérant par la Cour des comptes ?

Monsieur Durand, vous n'avez pas abordé la question de la cyber-violence, qui avait focalisé l'attention de M. Vincent Peillon lorsqu'il était ministre de l'Éducation nationale. Celle-ci doit être repérée, réprimée et traitée au plan pédagogique : les ESPE ont-elles intégré cette dimension ?

Enfin, où en est-on sur l'aide à l'apprentissage, l'« apprendre à apprendre », en particulier pour ce qui est de la lecture ? Les résultats des tests PISA montre bien que c'est dans ce domaine que les difficultés apparaissent les plus considérables.

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