Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 18 mars 2015 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Cette réunion est importante et j'espère qu'elle en préfigure bien d'autres, tant la réforme est décisive et tant les sujets à aborder sont nombreux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le bureau de la commission avait décidé d'axer cette réunion sur la formation des enseignants, la mise en place des ESPE constituant une mesure essentielle de la refondation de l'école. Rappelons que la formation des enseignants avait été abandonnée pendant plusieurs années, générant de redoutables problèmes. Or le métier de professeur est bien un métier et les questions de pédagogie sont absolument essentielles. C'est pourquoi nous avions soutenu avec force la création des ESPE.

Nous avons aujourd'hui besoin de faire le point sur ce qui fonctionne et sur ce qui ne fonctionne pas. J'attends dans cet esprit du Comité de suivi qu'il formule des propositions concrètes pour améliorer ce qui doit l'être. Nous avions anticipé certaines difficultés qui, malheureusement, se concrétisent aujourd'hui. Deux rapports sur les difficultés d'installation des ESPE sont déjà parus – l'un émanant du Sénat, l'autre de l'inspection générale de l'éducation nationale et de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche. Ces difficultés sont du reste compréhensibles dans la mesure où les ESPE ont été mises en place en trois mois seulement.

Même si la perfection ne saurait être atteinte en si peu de temps, la question de l'intégration des ESPE à l'université doit être soulevée. En effet, on constate que dans un certain nombre de cas, les moyens des ESPE sont détournés au profit d'autres postes au sein de l'université, notamment pour des postes de formateurs non affectés à l'ESPE. Nous avions présenté des amendements sur ce sujet pendant l'examen du projet de loi pour la refondation de l'école, qui n'ont malheureusement pas été retenus.

En ce qui concerne le continuum de formation, nous avions aussi posé la question de la place du concours. Contrairement à ce que vous semblez considérer, cette question n'est pas derrière nous. La première année de master, absorbée par le bachotage en vue du concours, est en réalité une année perdue pour apprendre le métier d'enseignant. Beaucoup regrettent ainsi le manque de contact avec le terrain durant cette année. Et, de ce fait, la seconde année de master est extrêmement chargée entre les cours, le mémoire, le stage à mi-temps, etc. Ce dernier est d'ailleurs beaucoup trop lourd et sert en réalité à compenser des postes de professeurs non remplacés. Le stagiaire, au lieu d'apprendre, se retrouve déjà à devoir enseigner. De plus, le travail de recherche qui est exigé des élèves, obéré par le manque de temps, est très mal vécu.

En matière de diversité du recrutement du corps enseignant, les emplois d'avenir de professeurs sont en nombre insuffisant. Leur demander de travailler durant leurs études n'est pas la meilleure façon de réussir ces dernières… Il y a, dans ce domaine, une vraie réflexion à conduire. Nous proposons pour notre part de mettre en place un pré-recrutement dès la licence, avec un concours en fin de troisième année, suivi d'une vraie formation initiale de deux ans, ainsi qu'une formation continue renforcée durant les premières années de pratique mais aussi tout au long de la carrière.

L'ouverture des ESPE sur l'ensemble des acteurs de l'éducation, notamment les associations d'éducation populaire, pour se former mais également en tant que formateur, faisait partie intégrante de l'esprit de la loi pour la refondation de l'école. La formation des formateurs conditionne la qualité de la formation dispensée par les ESPE. Il faut aussi créer des équipes de formateurs plurielles et répondre au mal-être exprimé par les personnels des ESPE. S'il l'on veut que l'esprit de la loi pour la refondation de l'école anime également ces écoles, il faut apprendre aux futurs enseignants à travailler avec les autres acteurs de l'éducation : les parents, les animateurs, les auxiliaires de vie scolaire, les structures associatives, etc. Cette diversité, qui constitue une indéniable richesse, doit absolument être prise en compte dans la formation initiale et continue.

Enfin, j'attends du Comité de suivi qu'il formule des propositions pour répondre aux insuffisances du tronc commun, qui est aujourd'hui dénoncé comme une superposition de thématiques non articulées entre elles, pour mieux articuler l'enseignement et la recherche scientifique dans le domaine de l'éducation et pour assurer la formation à la scolarisation de tous les élèves, notamment les enfants affectés par des handicaps. Des modules spécifiques sont du reste prévus, mais je crois comprendre qu'il existe une réelle disparité entre les formations.

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