Intervention de Jean-Noël Carpentier

Réunion du 18 mars 2015 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

Notre école ne peut pas tout. Elle ne peut pas résoudre à elle seule les maux de la société. Mais, il faut l'admettre : notre école ne va pas bien. Trop inégalitaire, elle ne conduit pas assez d'élèves à la réussite. Trop d'enfants sortent de notre système scolaire sans diplôme. Trop d'enfants arrivent au collège sans savoir lire et écrire correctement. Toutes ces lacunes, nous les connaissons. Il faut les corriger sans tarder. Notre ambition, matérialisée par la loi pour la refondation de l'école, est claire : nous voulons la réussite de tous les enfants.

Ce travail de refondation doit se faire dans la lucidité. Il nous faut, à la fois, mesurer les difficultés de notre école et nous appuyer sur ses formidables atouts. Notre école est vivante, trépidante, offensive : il faut l'aider à se réformer.

Permettez-moi de formuler quelques remarques, au nom de mon groupe mais aussi en tant que membre du Comité de suivi de la loi. D'abord, je fais le constat que la réforme des rythmes scolaires, qu'il faudra corriger sur certains aspects, a perturbé la mise en place de la loi. Elle a, d'une certaine manière, occulté le débat de fond sur les vraies avancées scolaires contenues dans la loi : les programmes, les méthodes pédagogiques, la formation des enseignants, le principe « plus de maîtres que de classes », l'accueil des enfants de moins de trois ans, etc. Je regrette que les enjeux et les orientations de la loi ne soient pas assez connus, notamment à cause d'une concertation et d'un dialogue très insuffisants sur le terrain. Ni les parents, ni les enseignants ne maîtrisent ces questions, pourtant si importantes pour le succès de la scolarité des élèves. Je propose donc que soient organisées au niveau local des réunions permettant de débattre avec les acteurs de l'école des grands axes de la loi. Car il faut rappeler que les difficultés de notre système éducatif ne sont niées ni par les enseignants, ni par les parents. L'idée de refondation est rassembleuse. Il nous faut donc encourager l'engagement d'un travail collectif constructif entre enseignants et parents : c'est, de mon point de vue, une des clés de la réussite de la refondation de notre école. Cet échange doit entrer dans le quotidien des établissements, dont il faut ouvrir les portes en grand.

Il est un fait connu que l'épanouissement de l'élève dans ses apprentissages dépend pour beaucoup de la qualité de la relation nouée entre l'école et sa famille. S'il faut favoriser l'implication des familles – l'école ne pourra se refonder sans les parents –, il faut aussi valoriser le rôle des enseignants. Indéniablement, malgré les efforts louables de la ministre de l'éducation nationale, les enseignants souffrent d'un manque de reconnaissance de leur employeur, mais aussi, plus largement, de la société. Cela conduit parfois à des crispations et même à des formes exacerbées de démotivation.

Pour ma part, je suis favorable à des gestes forts de la Nation envers les enseignants, pour leur dire à quel point leur mission est importante. Ils sont les soldats de la République. Je suis donc favorable à une revalorisation salariale conséquente et à une meilleure concertation sur toutes les mesures engagées qui ont un impact direct sur leur quotidien. Les mesures améliorant la formation des enseignants sont également essentielles. Dans ce domaine, nous devons reconstruire ce qu'a détruit la précédente majorité. La relance de la formation initiale est une bonne chose, mais il faut sans plus tarder améliorer la formation continue des enseignants, qui en sont très demandeurs, démontrant clairement leur appétence à s'engager toujours davantage dans l'exercice de leurs missions. Bien sûr, cette formation continue réclame énormément de moyens, et là encore les questions budgétaires devront nécessairement être abordées.

Enfin, je relève moi aussi que l'éducation au numérique suscite des attentes. Elle ne progresse pas assez vite. L'État doit s'impliquer dans la coordination et l'accompagnement des collectivités locales pour éviter que cette éducation ne subisse de plein fouet les inégalités territoriales au moment même où se creuse un fossé dans ce domaine avec les pays voisins.

Au total, nous devons être fiers de la loi de refondation de l'école et des moyens supplémentaires accordés par notre majorité à l'éducation. Les dispositions de cette loi doivent maintenant se traduire concrètement dans le quotidien des enseignants et des élèves. Leurs résultats sont attendus.

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