Je félicite M. Yves Durand pour son rapport et pour le travail particulièrement intéressant et riche du Comité de suivi, qui mesure les impacts de la loi de refondation de l'école et nous permet d'envisager de l'amender là où c'est nécessaire. Cette loi établit les piliers de la réussite scolaire de tous les enfants. Les enseignants sont au coeur de son dispositif, à rebours des discours démagogiques de ceux qui les stigmatisent, insistent sur leur responsabilité dans l'échec scolaire en exonérant le système scolaire ou pointent du doigt leurs difficultés à faire respecter les valeurs de la République dans des environnements parfois très hostiles, en dénonçant par exemple hâtivement ces classes qui n'ont pas respecté la minute de silence en hommage aux victimes des attentats de janvier dernier.
Le discours de M. Yves Durand parle au contraire de l'engagement enthousiaste des enseignants dans leur métier, dans leurs missions. Il souligne utilement combien la formation professionnelle à ce métier est essentielle. Les jeunes enseignants manquaient auparavant de formation initiale, nous devons tous l'admettre. Les ESPE rencontrent il est vrai encore des problèmes, repérés d'ailleurs très vite par les organisations syndicales, en particulier celui de leur place et de leur reconnaissance par l'université, celui du cadrage national du contenu des formations, celui du recrutement des formateurs, celui du service à mi-temps des stagiaires qui ne leur laisse pas assez de temps pour conduire les recherches que l'on leur demande. Ne faudrait-il pas à cet égard réduire leur présence en classe à un tiers temps ?
Je m'interroge aussi sur la formation professionnelle continue qui appelle des efforts dans les recherches pédagogiques et des moyens supplémentaires pour remplacer les maîtres partis en formation. Je souhaite que le Comité de suivi le rappelle à la veille du prochain débat budgétaire. Dans un même esprit, et nous le disons depuis longtemps, le métier d'enseignant mérite davantage de reconnaissance et une réelle revalorisation des carrières et des rémunérations.
Sur le terrain, je constate moi aussi que la mise en oeuvre des principales dispositions de la loi progresse doucement. En Seine-Saint-Denis, seules 26 des 425 écoles maternelles accueillent aujourd'hui des enfants de 2 ans. Cette innovation si importante reste ainsi l'exception, qui motive l'incompréhension des parents qui croyait que ce droit était affirmé dans la loi et se heurte en pratique au manque de places disponibles. Dans le même département, 38 écoles seulement ont à ce jour un maître de plus que le nombre de classes, ce qui est un effectif de portée encore expérimental. Pour que la loi soit appliquée, il faut donc consentir un effort budgétaire plus intense. Je voudrais connaître le sentiment de M. Yves Durand sur ces deux sujets et sur le besoin d'une formation particulière qu'éprouvent, selon moi, les enseignants qui accueillent des enfants de 2 ans. De même, les maîtres en plus sont-ils utilisés partout de la même façon ?
J'aimerais également connaître son opinion sur les emplois d'avenir de professeurs.
Enfin, la réforme des rythmes scolaires était une bonne idée, je n'en disconviens pas. Je m'interroge cependant sur sa mise en oeuvre dans des quartiers populaires, où le taux d'activité des femmes est faible et où les enfants qu'elles reprennent à la pause de 15 heures 30 ne participent pas aux activités programmées plus tard. Cet effet pervers n'avait peut-être pas été pleinement envisagé lors de l'adoption de cette réforme, et il convient que nous y faisions face.