En tant que membre du Conseil supérieur des programmes je me sens interpellée par cette question un peu provocatrice. Je voudrais dire que le travail fourni par cette instance est tout à fait réel mais que la tâche est ardue. Toute prise position est aussitôt commentée par les organisations syndicales et tous les autres acteurs pour remettre en cause le sérieux de ses travaux, sans que l'on ait toujours les moyens de défendre valablement nos arguments. Je songe ainsi à l'attribution absurde au Conseil supérieur des programmes de la paternité de l'idée de supprimer les notes, alors que cette question n'avait jamais été évoquée en son sein.
Je dois à mon tour saluer la qualité de la démarche d'évaluation suivie par le Comité, mais pour déplorer aussitôt la faible place donnée à cette dimension décisive de l'action publique par la loi de refondation de l'école, sans doute en raison de la pression d'une administration encline à faire de cette question un véritable tabou. Or, on ne peut pas faire l'économie de l'évaluation, et je signale d'ailleurs que si les IUFM ont été supprimés, c'est précisément parce que les évaluations conduites démontraient qu'ils ne donnaient pas satisfaction. Dans cet esprit, il m'apparaît primordial de procéder rapidement à un bilan de la mise en place des nouvelles ESPE car c'est dès le début qu'il faut apprécier et corriger les défauts de cette nouvelle formation avant que le temps et les habitudes ne fassent leur ouvrage.
Comme mes collègues, je serais tout à fait intéressée de connaître l'opinion des membres du Comité de suivi sur les préconisations de la Cour des comptes dans ses deux rapports récents, de mai 2013 sur l'évaluation des enseignants, intitulé « Gérer les enseignants autrement » et de mars 2015 sur « le suivi individualisé des élèves ».
La loi de refondation de l'école date d'un an et demi à peine et pourtant sur certains aspects, elle paraît déjà dépassée.
C'est ainsi que sur la maîtrise de la langue française, nos amendements rappelant l'importance de l'apprentissage du français ont tous été rejetés. Tout au contraire, un amendement adopté par le Sénat avait même consacré la reconnaissance de la langue parlée dans la famille, sans se rendre compte que le plurilinguisme ne doit pas se faire en négligeant la maîtrise la langue française. L'actualité et les résultats scolaires montrent combien ces questions étaient importantes.
Lors de la discussion de la loi de refondation nous avions aussi insisté sur l'importance de l'autonomie des établissements. Cette notion avait été sévèrement critiquée par le Gouvernement… avant qu'il n'en fasse, dans la réforme du collège qu'il a présenté il y a quelques jours, l'une des solutions aux difficultés de l'école !
On pourrait renouveler ce raisonnement sur la discipline et le respect de l'autorité, auxquels vous aviez refusé toute référence il y a deux ans avant que les événements tragiques de janvier 2015 n'en fassent des nouvelles priorités de la République.
Dans ce contexte mouvant, le Comité de suivi n'estime-t-il pas nécessaire de faire évoluer certains aspects de la loi de refondation de l'école ?