Intervention de Laurence Abeille

Réunion du 28 novembre 2012 à 16h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Abeille :

En dépit du vent de pessimisme qui les entoure, les écologistes espèrent beaucoup des négociations sur le climat, et attendent qu'un accord juridique contraignant, comprenant des objectifs par pays, puissent les conclure. Nous nous interrogeons cependant sur le rythme de ces négociations. L'urgence climatique s'accommode mal d'un accord en 2015, qui ne produirait des effets contraignants qu'à partir de 2020. Au lieu d'agir concrètement, nous négocions encore et toujours.

Si un accord juridique contraignant pouvait naître de la conférence de Doha, il faudrait qu'il s'accompagne d'un système de sanctions, sur le modèle de ceux en vigueur à l'OMC. Comment un tel système pourrait-il fonctionner, sachant qu'en son absence le respect des obligations de chaque partie risque fort de rester lettre morte ?

Par ailleurs, nous avons désormais accès – je pense notamment aux nombreux rapports publiés avant la conférence de Doha - à une information de plus en plus précise sur les coûts économiques, sociaux et environnementaux de l'inaction en matière climatique. Je regrette qu'elle n'ait pas débouché sur une prise de conscience politique mondiale sur la nécessité de mener une action forte et immédiate.

En dépit du fait que, comme l'a rappelé tout à l'heure le président Jean-Paul Chanteguet, l'Europe reste un important niveau de décision, mais elle semble incapable de parler d'une seule voix. Comment pourrait-elle le faire alors qu'au sein de l'Union certains États membres privilégient l'extraction des gaz de schiste, alors que d'autres choisissent des mix énergétiques plus vertueux ?

La question du calcul des émissions de GES reste posée : le programme des Nations Unies pour l'environnement a recommandé d'y intégrer la fonte du permafrost de l'Arctique, qui contient 1 700 milliards de tonnes de CO2, soit le double du volume contenu dans l'atmosphère. Une hausse de trois degrés. Or une hausse de la température moyenne de 3 degrés génèrerait sur place une augmentation de 6 degrés, et la perte de 60 à 85 % de ce volume glaciaire, qui libèrerait une quantité très importante de CO2. Où en sont les négociations à ce sujet et quelle position la France défendra-t-elle ?

Le fonds vert pour le climat, officiellement lancé à Durban l'an dernier, doit mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Qu'en est-il de sa mise en oeuvre ?

J'espère enfin que vous serez de nouveau auditionnée par notre commission afin de dresser un bilan de la conférence de Doha.

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