Notre engagement est d'accueillir dans nos bureaux de poste 1 000 maisons de services au public pour la fin de l'année 2016. Le processus de consultation des commissions départementales de présence postale territoriale a commencé. Sur cette base, nous allons établir des listes qui bénéficieront du consensus des élus des territoires. En réponse à Mme Bonneton, des bureaux de poste de plein exercice ont donc vocation à être la « terre d'accueil » des nouvelles maisons de services au public. Il s'agit d'une forme de présence postale et d'un moyen pour nous de mutualiser des moyens, tout en permettant d'accroître la fréquentation des bureaux de poste. Je veux insister devant vous sur le fait que la fréquentation est ce qui détermine la forme de la présence postale territoriale. En effet, s'il n'y a plus personne dans un bureau de poste, nous devons le transformer. Il est heureux que de nouveaux formats émergent et à cet égard, la maison de services au public apparait très clairement comme un format pertinent pour les zones rurales. Je pense également aux facteurs-guichetiers, notre objectif est d'en avoir plus de 1 000 d'ici fin 2016, contre quelques dizaines seulement aujourd'hui. Pour les zones urbaines qui concentrent l'essentiel de la population, nous aurons par ailleurs des relais de poste urbains, soit la possibilité d'avoir dans un commerce de centre-ville un « corner » postal accueillant les services de base.
Nos réponses s'inscrivent donc à la fois dans une perspective de continuité mais aussi de diversification. Les 17 000 points de contact constituent assurément un atout, à la condition cependant que tout le monde joue le jeu, à savoir les collectivités territoriales, l'État et l'ensemble des opérateurs que nous pouvons accueillir.
Le développement des colis est bien entendu un axe stratégique majeur pour notre entreprise. Au cours de l'année 2014, la croissance du chiffre d'affaire du colis a compensé la baisse de celui du courrier. Cette compensation n'est cependant pas transposable au résultat d'exploitation. Avec moins de volume, notre défi revient à faire un meilleur résultat d'exploitation. Nous n'y sommes pas encore.
Vous avez également abordé la situation économique, sociale et salariale des postiers. L'accord « Un avenir pour chaque postier » a été signé par des organisations syndicales qui représentent la majorité des postières et des postiers. Aurait-on pu envisager une unanimité sur un tel accord ? Ce n'est pas à moi de répondre mais aux deux syndicats qui ne l'ont pas signé. Exiger l'unanimité des syndicats sur tous les changements que nous conduisons reviendrait à instaurer un droit de véto qui nous condamnerait à l'immobilisme. Nous nous inscrivons pleinement dans le dialogue social et nous évoquons également avec nos interlocuteurs syndicaux les questions stratégiques, s'agissant d'Amazon, de l'évolution des directives postales, de ce qui se passe en Asie, ou encore de la question des services à la personne. En somme, nous discutons mais l'unanimité ne peut pas être un objectif de dirigeant d'entreprise. Compte tenu des spécificités du dialogue social en France, je considère que nous avançons dans de bonnes conditions.
Au sujet de la situation des grilles de fonction publique, ma réponse est très factuelle : l'accord a été signé par les six syndicats de La Poste. Peut-être certains auraient-ils souhaité obtenir davantage mais là n'est pas la question. Ils ont tous signé !
L'inquiétude des facteurs est humaine et rationnelle. Ceux-ci mesurent chaque jour la diminution du volume du courrier. Ils sont les premiers, lorsque je les rencontre, à me dire que la sacoche est moins lourde mais qu'il y a toujours autant de boîtes aux lettres et que les distances restent les mêmes. Nous sommes conscients des contradictions que nous avons à gérer. Les solutions passent par le dialogue et par l'investissement. Sur ce point, je vous remercie d'avoir évoqué le programme Facteo qui vise à doter la totalité des 88 000 facteurs d'un smartphone. C'est pour notre groupe un facteur majeur d'innovation.
S'agissant de la qualité de service, je veux être très concret. Chaque jour, les facteurs vont déposer chez les Français près de 80 millions d'objets. Le moindre problème peut apparaître considérable, même si leur nombre est réduit. Le « zéro défaut » est difficile à atteindre. Cela étant, la qualité de service telle qu'elle est mesurée en permanence par des opérateurs de sondages indépendants montre que nos résultats sont bons, et même meilleurs que les objectifs qui nous sont assignés par notre contrat d'entreprise.
Un point concernant le CICE : je crois qu'il nous faut être très précis sur les termes. La Poste a créé des emplois l'année dernière, dans les secteurs en développement et en accélération. Cependant, avec un chiffre d'affaires de l'activité centrale du groupe qui a tendance à diminuer, de l'ordre de 7 % par an, nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir une création nette d'emplois. Vous ne trouverez aucun chef d'entreprise qui pourrait s'engager à ne pas tenir compte de la chute de son chiffre d'affaires et des effets de productivité. Pour autant, La Poste continue d'embaucher et demeure l'un des dix premiers recruteurs sur le marché français.
Enfin, concernant la pause des facteurs, des négociations sont en cours et nous parviendrons à trouver des aménagements.