Je tiens à féliciter M. Fromantin pour son travail formidable. L'Association des maires d'Île-de-France – qui a d'ailleurs consacré, lors du dernier salon de l'habitat, un atelier complet aux grands événements – voit dans notre candidature à l'Exposition universelle de 2025 l'opportunité de rendre au Grand Paris ses lettres de noblesse. Se fédérer, dans une métropole, autour d'un projet de cette envergure est évidemment source d'élan. Mais, dans une région francilienne pleine de paradoxes, les grands événements sont fédérateurs dès lors qu'ils ne sont pas focalisés sur la seule capitale, Paris. En ce sens, votre projet est particulièrement ambitieux.
À l'instar de Bernard Soulage, je trouve ce projet très intéressant et très novateur par rapport à la culture habituelle des expositions universelles, tout en m'inquiétant, comme de nombreux élus, de l'existence de plusieurs pôles répartis sur l'ensemble du territoire national. Non seulement il faudra trouver des bailleurs de fonds, non seulement les pays auront davantage de mal à s'organiser, mais la sécurité sera plus difficile à assurer – n'oublions pas qu'une Exposition universelle s'accompagne de nombreux voyages officiels. Enfin et surtout, je m'inquiète de la réaction du jury qui désignera le pays hôte.
Ce projet est-il recevable ? Je pense que nous allons devoir engager un travail intense de lobbying. Ce type de projet a-t-il même déjà été envisagé ? A-t-on des éléments de comparaison ? Si je me réfère aux prochains sites d'Exposition universelle, la tendance est plutôt au recentrage qu'à l'éclatement.
Les maires d'Île-de-France discutent de la double candidature de la France – Exposition universelle et Jeux olympiques. Le débat est difficile à trancher car, selon les territoires, les intérêts ne sont pas les mêmes. Reste que nous allons devoir définir la meilleure stratégie à adopter. Est-ce qu'un des événements peut générer l'autre ? Est-ce que le fait de candidater sur les deux en même temps ne nous fait pas courir le risque de n'être retenus pour aucun ? Je précise que, selon les derniers sondages, les Français sont plus favorables à l'Exposition universelle. Cela s'explique sans doute par le succès de la dernière Exposition universelle de Paris, qui a laissé des traces jusque dans notre quotidien.
Je voudrais rappeler également qu'à partir du 1er janvier prochain, la région Île-de-France sera découpée en trois secteurs distincts : la métropole du Grand Paris (MGP), - le reste de l'aire urbaine en agglomération à plus de 200 000 habitants et le reste de l'agglomération francilienne en « petites » communautés de communes de 20 000 habitants - avec des villages qui peuvent ne compter que 25 habitants, leur superficie risque d'être très étendue !
Ces territoires ont déjà du mal à exister à côté de Paris, car ils subissent une double concurrence : celle du Grand Paris et celle des villes de ce que l'on pourrait appeler « la quatrième couronne », comme Orléans, Vendôme, Reims ou Lille, etc. qui se trouvent maintenant à une heure de TGV de Paris.
Ces territoires sont très attentifs à ce que les grands projets, qui sont fédérateurs, les servent aussi. De fait, dans le schéma que vient de nous présenter M. Fromantin, sont représentés Paris, le Grand Paris et la province. Nous qui vivons dans la grande couronne de l'Île-de-France, nous pouvons considérer qu'il manque une strate à ce schéma. Je rappelle que la région Île-de-France est très rurale et que plus de 900 des 1 281 communes qui la composent ont moins de 2 000 habitants. Celles-ci ont toujours l'impression de ne pas être concernées par les grands projets. Des moyens d'accompagnement me semblent donc nécessaires.
Dans un tout autre domaine, et pardonnez-moi de mettre les pieds dans le plat à une époque de difficultés financières, nous allons devoir faire un effort colossal pour rendre plus attractive la région francilienne. Et parmi les revendications portées par les maires d'Île-de-France, il y en a une qui concerne la propreté. Car ce qui peut paraître dérisoire est en fait essentiel : redevenir une région attractive, s'ouvrir aux yeux du monde, suppose de ne pas laisser à la vue des étrangers, qui atterriraient à Orly ou à Roissy, les entrées de Paris dans leur état actuel.
Dans une période de crise, de morosité, où l'on a du mal à voir le bout du tunnel, où l'on fait parfois preuve de pessimisme, un tel projet nous invite à nous interroger sur ce que sera le futur en 2025, alors même que nous ne savons pas encore à quoi ressemblera 2025. Intellectuellement, c'est très intéressant. Que nous proposera donc le pavillon numérique dont nous parlait tout à l'heure M. Fromantin ? En outre, voir le monde scientifique et le monde économique réunis autour de ces questions constituera un formidable moteur. Plus généralement, le travail que suppose, en amont, la préparation d'une Exposition universelle nous donnera un élan extraordinaire. Rien que pour cela, nous soutenons ce projet.
Je terminerai par cette remarque : les travaux de la boucle du Grand Paris, et notamment la liaison avec les deux grands aéroports par les transports publics, devront être terminés en 2025. Les Franciliens sont des millions à se déplacer quotidiennement dans la région, et de tels travaux sont indispensables à la bonne réalisation de ce projet.