Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission, chers collègues, à la demande des groupes Écolo et GDR, nous débattons aujourd’hui du contrat d’objectifs et de moyens de France Télévisions.
Nous sommes tous ici attachés à un service public audiovisuel de qualité, à sa mission de proximité, au développement de stratégies nouvelles, à l’identité de chacune de ses composantes et à une offre de service public régionale et locale.
C’est la nécessité d’une réforme voulue et souhaitée par les salariés du groupe. Aussi est-il tout à fait normal que l’État assume ce rôle de tutelle et de contrôle sur le service public audiovisuel. C’est ce que nous faisons à travers ce débat. Nous devons poser les bases d’une réflexion sur des objectifs ambitieux pour établir une feuille de route claire à l’intention des futurs dirigeants du groupe. Le paysage audiovisuel français évolue au rythme des mutations numériques. Le regard sur la télévision change. La télévision publique doit donc bouleverser sa façon de regarder le monde. L’une des missions essentielles de la télévision de service public est d’être un vecteur indépendant d’information au service du débat citoyen et de la démocratie dans notre pays. C’est aussi d’être une fenêtre ouverte sur le monde, qui doit ressembler à celles et à ceux qui la regardent. Dans son dernier rapport, ma collègue Martine Martinel faisait l’amer constat d’un traitement inégal de la diversité, ainsi que de la place prépondérante des hommes, dans la chaîne hiérarchique de la télévision publique.
Le groupe France Télévisions, et nombre de ses salariés en particulier, traverse en ce moment une période de doute. Des mouvements de grève s’amplifient depuis quelques jours, illustrant, s’il en était besoin, les attentes des collaborateurs des chaînes, mais aussi leurs inquiétudes concernant la place de France Télévisions comme acteur majeur du rayonnement culturel et de l’innovation. Le vieillissement continu de l’audience est une source d’inquiétude partagée par tous. Des fragilités du modèle économique sont apparues aussi, quand l’ancienne majorité, ou plutôt l’ancien Président de la République qui porte une responsabilité lourde dans la baisse des ressources du groupe, a décidé unilatéralement de l’arrêt de la publicité après 20 heures.
La télévision publique reste et demeure en quête d’identité : France 2, chaîne d’information généraliste ; France 3, chaîne des territoires – j’y reviendrai ; France 4, chaîne dédiée à la jeunesse qui peine à trouver son public et sa place ; France 5, chaîne des savoirs qui, en revanche, a su trouver à la fois son public et porter une identité forte ; France Ô, qui ne fédère pas, mais constitue l’alibi de la diversité requise pourtant sur toutes les chaînes du groupe. On peut s’interroger, me semble-t-il, et j’exprime là une opinion tout à fait personnelle, sur la nécessité de conserver France 4 et France Ô et dégager de véritables moyens pour faire place à une vraie chaîne d’information en continu du service public qui pourrait s’appuyer sur tous les supports numériques, mais aussi sur le réseau territorial de France 3 pour une couverture pertinente de l’information.
Enfin, je souhaite évoquer la situation de France 3, aux niveaux national et régional. Tout d’abord, nous devons constater l’immense désarroi des journalistes devant ce que l’on pourrait appeler le monopole éditorial de la chaîne amiral du groupe entraîné par la fusion des rédactions de France 2 et de France 3. Si des efforts de mutualisation et de collaboration doivent être consentis, il est nécessaire de conserver les bases d’une équipe qui a fait ses preuves sur le terrain et qui porte un autre visage de l’information. La rédaction nationale de France 3 trouve un appui avec les stations régionales qui maillent notre territoire pour une information de qualité et de proximité. France 3 ne peut constituer la variable d’ajustement du groupe France Télévisions. Or, c’est un peu le ressenti des personnels que nous rencontrons sur le terrain jour après jour.
Après de nombreux rapports sur l’avenir de France 3 dont le mien, puis celui d’Anne Brucy et enfin celui de M. Schwartz, il va sans dire que la réforme de France 3 tarde à venir et qu’elle devra occuper une place prépondérante dans la future feuille de route du prochain – ou de la prochaine – PDG de France Télévisions.