Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, mes chers collègues, je me réjouis de ce que nous débattions aujourd’hui à l’Assemblée nationale de France Télévisions et de son contrat d’objectifs et de moyens. Ce débat permet de rappeler que, quelle que soit notre couleur politique, nous reconnaissons tous le rôle essentiel de l’audiovisuel public. Je déplore néanmoins que, aujourd’hui, tant en termes de gouvernance que de financement, nous ne lui donnions pas les moyens de remplir ses missions. Tant s’en faut !
Je souhaiterais, tout d’abord, évoquer le sujet crucial de la gouvernance insoluble de France Télévisions. L’entreprise souffre d’un manque total de lisibilité dans ses relations avec l’exécutif et, en particulier, de l’affaiblissement très grave de son ministère de tutelle, le ministère de la culture et de la communication. À l’occasion de la remise du rapport Schwartz, il y a trois semaines, pas moins de trois ministres de Bercy participaient à une conférence de presse sur les enjeux et les missions de France Télévisions, vous reléguant, madame la ministre, au rôle de simple figurante. Le Gouvernement douterait-il à ce point de votre capacité à définir les missions de service public de France Télévisions, pour faire ainsi appel à un groupe de travail interministériel plutôt qu’à vous-même ? Manifestement, suite aux coupes répétées du budget de la culture et de la communication depuis 2012, c’est à présent Bercy qui prend les décisions concernant l’audiovisuel public.
Pour ajouter à cet imbroglio de la gouvernance, à ce manque de clarté et de transparence, je note que, moins d’un an et demi après avoir fait adopter une loi prétendant consacrer l’indépendance de l’audiovisuel public, le Gouvernement s’ingère à présent dans le processus de désignation du président de France Télévisions, en dressant dans le rapport Schwartz le portrait du futur dirigeant idéal. Votre gouvernement a redonné au CSA le pouvoir de nomination du dirigeant du groupe depuis 2013 ; vous cherchez à présent à influencer sa décision. Quelle hypocrisie encore, lorsque l’on voit comment vous traitez le patron de Radio France, convoqué aujourd’hui comme s’il était l’un de vos employés ! Si vous cherchez, madame la ministre, un responsable des difficultés actuelles de l’audiovisuel public, il n’y a pas besoin de convoquer qui que ce soit : c’est vous et le Gouvernement, qui êtes responsables !