Depuis 2012, vous avez sciemment plongé les entreprises du service public dans la crise. Vous sabrez les budgets, vous ne respectez pas les engagements financiers pluriannuels prévus dans les contrats d’objectifs et de moyens des groupes. Dois-je vous rappeler les 87,5 millions d’euros qui n’ont pas été versés à Radio France depuis l’arrivée de votre majorité aux responsabilités ? Ou encore les 20 millions d’euros qui ont été ponctionnés sur le fonds de roulement de l’INA l’an dernier, d’une façon insupportable ? Pourtant, les ressources existent ! Mais ces ressources, celles que la précédente majorité a créées pour l’audiovisuel public, vous prévoyez de les garder dans le budget de l’État. Je veux parler de la taxe télécom, dite taxe« telco », et de la taxe sur les recettes publicitaires, qui ont rapporté près de 280 millions d’euros en 2013. Dès cette année, ce sont 130 millions d’euros qui auraient dû revenir à l’audiovisuel public et qui sont confisqués par l’État. Madame la ministre, c’est un hold-up que je dénonce avec force !
Aujourd’hui, la situation est grave. À Radio France, la grève en est à son septième jour consécutif, dans un contexte d’élections où l’éclairage impartial du service public est indispensable. Dans cette crise, vous prétendez respecter les salariés de Radio France et vous tentez de vous présenter en recours ; mais c’est l’inverse ! Votre attitude est celle d’un pompier pyromane ! Comment s’étonner que les entreprises de l’audiovisuel public peinent à boucler leurs budgets et à mobiliser leurs équipes sur les importants efforts de gestion qu’ils doivent réaliser, si de son côté l’État n’honore pas sa part du contrat ? Comment s’étonner de la colère des équipes, qui ne peuvent pas faire confiance à leur ministre de tutelle et à son ministère ? Vous devez prendre vos responsabilités, plutôt que de faire du dirigeant de Radio France le bouc émissaire de votre propre incurie. Mathieu Gallet a certes fait une erreur, qu’il a d’ailleurs lui-même reconnue ; mais dans le fond le sujet n’est pas là : il est dans l’attitude inconséquente et inconsidérée du Gouvernement qui opère des coupes de budget aveugles, au mépris des engagements de l’État, sans les justifier par le moindre projet de réorganisation ni avoir aucune vision pour ces entreprises.
Madame la ministre, si nous voulons donner à l’audiovisuel public les moyens d’être à la hauteur des ambitions qui lui sont fixées, il est essentiel de rompre avec ces pratiques. Vous devez clarifier les rôles des différentes parties prenantes, instaurer une véritable indépendance de l’audiovisuel public et restaurer des relations de confiance avec l’État. La relation avec le ministère de la culture doit être rénovée. Vous devez réaffirmer le rôle de tutelle de la rue de Valois, en vous concentrant uniquement sur la définition des grandes missions de service public des opérateurs, en accompagnant les réformes menées par leurs dirigeants, plutôt qu’en leur mettant des bâtons dans les roues, et en garantissant les budgets négociés. Encore faut-il, madame la ministre, que vous en ayez le courage et le poids politique.