Intervention de Jérôme Billé

Réunion du 12 mars 2015 à 10h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Jérôme Billé, délégué général de l'Association des structures de recherche sous contrat, ASRC :

Issue de l'Association des sociétés indépendantes de recherche et développement pour l'industrie (ASIRDI) créée dans les années quatre-vingt, l'Association des structures de recherche sous contrat a été fondée en 2000.

Le dénominateur commun de nos membres est qu'ils réalisent plus de 50 % de leur activité sous forme de prestations de R & D pour le compte de tiers, qu'il s'agisse de start-up, d'ETI, de grands groupes, voire de laboratoires de recherche, et qu'ils ont une activité très forte en matière de R & D de ressourcement, c'est-à-dire de recherches menées sur fonds propres pour maintenir les compétences au niveau de l'état de l'art, voire pour le dépasser. Nos quarante-cinq adhérents – PME ou ETI réalisent 125 millions de chiffres d'affaires. Ils assurent un continuum entre travaux issus du monde académique et problématiques industrielles. Pour eux, la technologie est un moyen et non une finalité : elle a peu de valeur en elle-même car ce sont les produits, les process, les modèles économiques qui permettent de générer de la valeur.

Quelles relations entretenons-nous avec Bpifrance ? Nous sommes tout d'abord des partenaires puisqu'elle nous soutient historiquement dans nos activités de R & D de ressourcement. En tant que fournisseurs, nous bénéficions par ailleurs du soutien qu'elle apporte à nos clients : nous avons tout intérêt à ce qu'ils soient en position de payer la facture que nous leur présentons pour les travaux très risqués que nous effectuons pour leur compte. Elle nous rassure en examinant les projets, d'un point de vue financier et qualitatif. Je dois dire pourtant que ce sont d'abord des inquiétudes qu'elle a suscitées chez nous. À sa création, son statut de banque était un sujet de préoccupation, les banques n'étant pas connues pour prendre des risques, mais fort heureusement, cette aptitude qui caractérisait l'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) a été préservée par la direction de l'innovation de Paul-François Fournier.

Je dirai à sa suite que les aides individuelles à l'innovation sont essentielles. J'insiste sur ce point. Elles ne pourront jamais être remplacées par les projets collaboratifs, même s'ils ont leur intérêt – nous sommes membres d'une cinquante de pôles de compétitivité et participons à des projets de l'ANR, du Fonds unique interministériel, parfois même de l'ADEME. Il me semble donc nécessaire de soutenir très fortement le programme 192, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire à des parlementaires et des représentants des ministères, car ce sont ces aides qui permettent d'amorcer la pompe, étape incontournable pour assurer un continuum jusqu'à l'entrée en bourse.

Autres outils importants : les aides au partenariat technologique (APT) et les aides aux programmes européens (APE), qui permettent de candidater aux projets européens lancés en réponse aux appels à projets de Horizon 2020, programme communautaire doté d'un budget de 80 milliards destiné au soutien à la R & D et à l'innovation. La France est loin d'avoir récupéré l'argent qu'elle a investi dans le septième programme-cadre de recherche et de développement de l'Union européenne et nous espérons qu'il n'en ira pas de même pour Horizon 2020. Nous nous réjouissons que Bpifrance ait pu mettre en place l'APE, car elle engendre un effet de levier qui est loin d'être négligeable : les euros investis par BPI pour monter des projets de ce type ont de grande chance de générer auprès de Horizon 2020 beaucoup de financements sous forme de subventions à hauteur de 70 %, chose aujourd'hui rare dans le paysage français.

Il serait bon que Bpifrance accentue sa fonction de passerelle entre les PME innovantes et les grands groupes français, qui doivent davantage assumer un rôle de grand frère. On sait les difficultés qu'ont ces PME à se construire une première référence. Il me paraît tout de même dommage que leur premier client soit souvent un grand groupe étranger.

Bpifrance nous assure un soutien décisif. Sans son intervention, nous serions incapables de porter les risques liés aux projets de nos clients, risques générés par la R & D de de ressourcement, au coeur de notre activité. Historiquement, si nous n'avions pas eu l'ANVAR à nos côtés, les structures de recherche sous contrat auraient disparu. Or les différents organismes de recherche publique et les outils liés aux investissements d'avenir ne peuvent se substituer à l'aide à l'innovation industrielle que nous apportons aux entreprises pour franchir la vallée de la mort technologique.

Le discours que tient aujourd'hui Bpifrance nous rassure pleinement : elle se montre prête à soutenir des projets très risqués à contenu technologique mais à finalité économique. Reste qu'il faut absolument maintenir les dotations du programme 192 à un haut niveau.

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