Nous pouvons tous nous accorder sur un point : la réforme des collèges est une impérieuse nécessité. Le groupe UDI soutient donc cette volonté.
Aujourd'hui, le collège ne garantit plus l'apprentissage des connaissances de base, puisqu'un élève sur cinq en fin de troisième ne maîtrise pas les connaissances du socle commun, à savoir la langue française et les principaux éléments des mathématiques. Le collège apparaît même comme le passage critique de la scolarité, car le décrochage y reste fort et les inégalités sociales se creusent tout au long de cette période. Dans le cadre du rapport qu'Yves Durand et moi-même sommes en train de préparer au sein du comité d'évaluation et de contrôle, nous constatons que, en matière de mixité sociale, c'est vraiment le collège qui est au coeur des difficultés.
Or, à ce défi, le Gouvernement répond par des mesures accessoires, qui ne règlent pas les problèmes à leur source. Le calendrier de présentation de la réforme, qui coïncide avec celui des élections départementales, explique sans doute pourquoi, plutôt qu'une réforme ambitieuse, on nous soumet une série de mesures gadgets. Telle est bien la logique privilégiée depuis le début du quinquennat : la majorité considère que la création de 60 000 postes dans l'éducation nationale la dispense de réformer en profondeur le système éducatif.
Cette réforme présente ainsi des insuffisances criantes. L'apprentissage d'une deuxième langue vivante dès la cinquième ne permettra pas d'assurer l'acquisition correcte des bases de la première langue. Les EPI posent aussi de nombreuses questions. Quel budget sera alloué à ces enseignements, sachant que des économies sont encore nécessaires ? Comment insérer ces cours dans un emploi du temps déjà bien chargé ? Alors que la réforme est censée entrer en vigueur à la rentrée 2016, comment les enseignants pourront-ils être formés dans un délai aussi réduit ? Enfin, si le Gouvernement annonce sa volonté de lutter contre le décrochage scolaire, rien n'est fait contre la fermeture annoncée d'un nombre croissant de centres d'information et d'orientation (CIO). À Paris, le maintien de huit des quatorze centres est menacé dès la rentrée prochaine. Un tel choix est fort regrettable, quand on sait le rôle majeur de ces centres dans l'accompagnement des jeunes.
Bref, nous demeurons dans l'hypocrisie la plus totale : les questions essentielles ne sont pas traitées – si bien que la réforme ne permettra pas à tous les élèves de savoir lire, écrire et compter correctement à la fin du collège –, ne changera rien à la réalité du décrochage scolaire et ne renforcera pas l'apprentissage de la citoyenneté. Le collège méritait pourtant des mesures dignes de ce nom.