Lors de nos débats sur la refondation de l'école, nous avons entendu dire que c'est à l'école primaire que se cristallisent les inégalités. Aujourd'hui, il est dit que tout se joue au collège… Gardons-nous de toute hiérarchisation. Et n'oublions pas que les difficultés scolaires ne tiennent pas uniquement à l'éducation nationale. Des causes extérieures sont à l'oeuvre, en particulier la progression de la précarité.
Cette réforme, vous l'avez dit, madame la ministre, s'appuie sur les expériences mises en oeuvre par les équipes pédagogiques. Valorisons-les et travaillons à cette réforme sans pointer du doigt ces équipes qui s'efforcent de faire le mieux possible dans un contexte très difficile.
La réforme est ambitieuse : elle vise à renforcer l'acquisition des fondamentaux, à mieux apprendre à apprendre, à favoriser le suivi personnalisé, à donner aux collégiens de nouvelles compétences, autant d'objectifs auxquels je ne peux que souscrire.
Néanmoins, le manque de moyens alloués à la réforme suscite de grandes inquiétudes, dont les représentants des collèges de Seine-Saint-Denis, que vous avez reçus aujourd'hui, vous ont sans doute fait part. C'est donc moins la réforme en elle-même que sa mise en oeuvre qui nous préoccupe.
D'abord, nous nous demandons comment pourront être maintenues les heures d'enseignement disciplinaire avec l'introduction de ces nouveaux EPI. J'insiste sur ce point, car l'enseignement complet des matières est important, surtout pour les enfants les plus fragiles.
Ensuite, si l'enseignement précoce des langues vivantes, en particulier en primaire, est un plus, il nécessite, comme le travail en équipe et l'accompagnement individualisé, de former les enseignants. Or la formation « coûte » des postes pour remplacer les enseignants en formation. Comme vous annoncez seulement 4 000 nouveaux ETP pour environ 7 000 collèges, je ne peux que m'inquiéter pour la mise en oeuvre d'une réforme si ambitieuse.
N'oublions pas que le collège, c'est aussi l'âge de l'adolescence, et qu'il est très important que des personnels qualifiés accompagnent les collégiens, en matière de santé notamment.
Compte tenu de toutes ces interrogations, le groupe GDR souhaiterait que vous nous en disiez un peu plus sur les moyens.