Monsieur Knoche, nous avons déjà eu le plaisir de vous accueillir le 26 novembre 2014, avant que vous ne preniez vos fonctions de directeur général d'Areva. Malgré l'actualité politique et le contexte dramatique de cette semaine, nous avons décidé de maintenir cette audition, conjointe avec la commission des Finances, car le sujet est grave.
Votre entreprise subit aujourd'hui des pertes abyssales ; pour solder le passif et regarder vers l'avenir, Areva s'est engagé dans une opération de vérité marquée par des dépréciations d'actifs et des provisions pour pertes à hauteur de 4,4 milliards d'euros. La capacité de l'entreprise à se montrer performante ne doit pas pour autant être sous-estimée puisque l'excédent brut d'exploitation s'est fortement redressé en 2014 pour s'élever à près de 735 millions d'euros contre – 260 millions en 2013. L'activité amont, en forte progression, dégage notamment des excédents proches de 500 millions d'euros. Il faut donc se garder de jugements lapidaires à l'encontre d'une entreprise à laquelle la Nation est attachée.
L'équation financière est difficile ; après ces quelques semaines de réflexion et l'annonce de votre plan, comment comptez-vous procéder ? Il faut comprendre comment nous sommes arrivés à cette situation afin d'éviter de la reproduire : s'agit-il de simples erreurs stratégiques et industrielles, d'erreurs d'appréciation ou de véritables fautes ? En effet, certains dossiers – notamment UraMin – ont coûté cher à l'entreprise. Les erreurs commises sont-elles liées à un défaut de contrôle de la part de l'État, principal actionnaire d'Areva ? Nous devons regarder l'histoire de façon lucide, mais également nous tourner vers l'avenir. Areva est une entreprise internationale, porteuse de compétences majeures, employant de nombreux salariés dévoués à leur métier qu'ils exercent avec une grande expertise. Nous avons donc, collectivement, le devoir de trouver des solutions pour lui permettre de sortir de ce mauvais pas. Parlez-nous du plan de compétitivité visant à réaliser une économie d'un milliard d'euros sur le résultat opérationnel, et des liens différents et plus forts qu'Areva doit construire avec EDF, loin des désunions passées qui ont marqué le dossier d'Abou Dabi. Il faut également évoquer l'EPR finlandais et la recherche de partenaires financiers. Des Chinois semblent intéressés ; la solution doit-elle forcément venir de l'État ou peut-on envisager d'autres investisseurs ? Mme Anne Lauvergeon, en grande partie responsable de cet héritage, s'est récemment expliquée sur l'ensemble des sujets ; à vous désormais de vivre ce moment de vérité pour nous dresser les perspectives de l'entreprise.