Je vous remercie, monsieur le président, de me donner la parole pour quelques minutes : cela me permettra de répondre à quelques-unes des interventions prononcées dans le cadre de la discussion générale.
Je veux notamment m’adresser à vous, monsieur Geoffroy, afin que, si vous ne votez pas ce texte, ce soit en toute conscience. Beaucoup de vos propos dénaturant la réalité de nos intentions, je veux rappeler celles-ci avec la plus grande clarté, afin que cela figure au compte rendu et pour permettre à chacun de se prononcer en conscience et en prenant ses responsabilités.
Tout d’abord, nous avons constaté toutes et tous constaté que tant l’abstention que le vote extrême progressent dans notre pays, le second phénomène n’étant pas seulement un effet mécanique du premier. Alors que le nombre de nos concitoyens qui vont voter se réduit, un plus grand nombre de suffrages se portent sur les organisations aux discours les plus extrêmes et, par conséquent, les plus éloignés des valeurs de la République. Le niveau d’abstention peut expliquer l’importance accrue de ce vote extrême, même si ce n’est pas la seule raison. Dans toutes les démocraties européennes, on constate que le désintérêt pour la politique, pour le débat public et pour l’expression citoyenne par le suffrage vont de pair avec le vote populiste.
Cette proposition de loi vise donc à inciter les électeurs abstentionnistes à s’exprimer aux élections régionales, sachant que ce texte en appelle un autre, visant à permettre une inscription beaucoup plus souple et plus simple sur les listes électorales de tous ceux qui sont appelés à voter, de manière à donner à l’exercice démocratique toute son ampleur.
Je voudrais dire ensuite que je peux très bien comprendre qu’il y ait, dans la vie politique, notamment dans cet hémicycle, des sujets sur lesquels on ressente le besoin profond de s’opposer absolument. Il arrive aussi que des leaders d’organisations politiques incitent ceux qui les représentent dans les assemblées à faire de la polémique systématique parce que, par tempérament, ils ont du mal à concevoir la politique autrement. Mais il est aussi des sujets sur lesquels on doit pouvoir se rassembler. Décider ensemble, dans cet hémicycle, par-delà ce qui nous sépare, de faciliter l’inscription sur les listes électorales afin d’inciter les Français à voter en plus grand nombre, n’est pas de nature à compromettre les auteurs de ce texte, ni, par conséquent, ceux qui le votent. Il y a suffisamment de sujets sur lesquels on peut s’opposer pour que nous n’ayons pas à le faire sur les principes qui constituent notre socle républicain et sur lesquels nous avons intérêt à être d’accord.
La troisième remarque que m’inspire votre intervention, monsieur Geoffroy, c’est que le Gouvernement est très favorable à ce qu’une approche la plus consensuelle, la plus transpartisane possible préside à l’étape suivante, à condition qu’il y ait un climat propice. Or, si nous nous opposons sur des sujets évidents, je vois mal comment nous allons pouvoir continuer à cheminer ensemble dans cette démarche visant à inciter les Français à voter davantage. Nous ne manquons pas de sujets sur lesquels nous opposer, des sujets sur lesquels il y a des différences entre la majorité et l’opposition, mais au moment où les Français s’éloignent de la politique, il n’est pas non plus absurde de démontrer que nous sommes capables de compromis et de consensus lorsqu’on veut lutter contre l’extrême-droite et contre l’abstention.
Enfin vous attribuer ce texte à notre volonté supposée d’influer sur les scrutins à venir. Pardonnez-moi, monsieur Geoffroy, mais cet argument est d’une très grande faiblesse, personne ne pouvant dire pour qui vont voter ceux qui s’inscriront.