Votre intervention me fait penser à la métaphore de l'omelette au lard : si la poule est concernée, le cochon, lui, est impliqué… Nous, députés de l'Hexagone, nous sommes la poule et nous nous contentons de dire que nous sommes concernés tandis que vous, députée d'outremer, venez d'expliquer qu'il s'agit pour vous d'une question vitale.
C'est à nous, députés hexagonaux, d'appréhender la responsabilité que nous avons envers la nation tout entière, outremer compris, voire envers la planète, dans nos choix, notre capacité à dépasser un certain conformisme, à repousser toute frilosité et à aller de l'avant. Mme Virginie Duvat a expliqué que nous devions voir ces enjeux comme une opportunité, mais pour revoir nos politiques d'aménagement du territoire et de développement, et non pour dégager davantage de marges.
Quand vous dites, madame Maina Sage, que les atolls sont moins hauts que la salle où nous nous trouvons, on perçoit immédiatement ce que peut être la conséquence d'une élévation du niveau de la mer de seulement vingt ou trente centimètres. Nous devons aussi avoir en tête que nous sommes les seuls à profiter de nos modèles de développement égoïstes, comme le tout-voiture, le gaspillage de nos ressources, le gaspillage énergétique, etc., alors que c'est vous qui en subissez les conséquences.
Il est temps de passer d'une action défensive à une action offensive en termes de développement. Nous devons valoriser les initiatives existantes. Certes, mais comment passer des paroles aux actes ? Comment parvenir à coordonner toutes les initiatives existantes ? Il en est une qui est mise en avant dans plusieurs régions d'outremer : l'économie circulaire. Les présidents des régions Martinique et Guadeloupe ont décidé d'en faire un élément central de développement de leurs territoires et de privilégier une autre approche : n'oublions pas qu'ils dépendent pour l'essentiel de leurs besoins, du cordon ombilical qui les relie à l'Hexagone. Autrement dit, ils en sont totalement dépendants et en subissent les impacts ! En passant à un modèle d'économie circulaire plus inclusif, il doit être possible de changer les choses.
Que pensez-vous des différents projets pharaoniques en outremer, comme la nouvelle route du littoral à La Réunion ? Il faut, selon moi, arrêter ces projets extrêmement consommateurs de moyens financiers, moyens qui viennent à manquer par ailleurs. Mme Maina Sage a également évoqué ces projets particulièrement coûteux d'abris en cas de cyclone, au détriment de tout ce qui privilégierait la résilience positive et une réappropriation par les citoyens.
Comment mettre en avant la question de ces territoires lors de la COP21 ? Quelle réponse la France doit-elle apporter ? Un rendez-vous est prévu au mois de mai prochain lors du passage du Président de la République aux Antilles. Une politique plus globale, qui ne serait pas centrée sur nos seuls départements, me semblerait judicieuse.