Intervention de Anne-Yvonne Le Dain

Réunion du 28 janvier 2015 à 16h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Yvonne Le Dain, députée, rapporteur :

– Nous avons reçu en audition plus de cent personnes, de l'écrivain à des responsables industriels. En débutant cette étude, nous savions que le sujet était très riche, mais nous n'avions pas imaginé qu'il l'était à ce point. En fait, on entre dans un nouveau monde où l'on ne peut pénétrer avec les réflexes de l'ancien monde, plus rationnel.

Le nouveau monde est complètement multiforme, multi-ouvert, et ne pas se protéger est une bêtise. Par exemple, après l'attaque contre les Twin Towers, les Américains ont pris le Patriot Act et s'en servent pour tout, y compris à des fins économiques. Ils ont condamné récemment une très belle entreprise française au motif qu'elle avait une sous- filiale dans un endroit célèbre où elle avait payé un contrat en dollars ; j'en suis resté abasourdie.

Donc les Américains se servent de la sécurité numérique comme d'un enjeu doctrinal, économique. Actuellement, les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) continuent réussi à faire en sorte que la police de l'Internet soit assurée par une entreprise privée située en Californie, l'ICANN, grâce à laquelle la NSA américaine s'est procurée les adresses Internet du monde entier. Or, aujourd'hui, les entreprises américaines ont bien conscience que l'Europe est un espace pertinent économiquement. Elles sont donc présentes à Bruxelles où se négocie actuellement le traité transatlantique. Autour de la table de négociation sont présents des dizaines et des dizaines d'Américains qui expliquent à quel point ce traité est une évidence, et qu'il faut lui soumettre l'ensemble du numérique.

Comme il y a davantage d'utilisateurs d'Internet en Europe qu'aux États-Unis d'Amérique, l'Europe est leur meilleur client. Il importe donc de se protéger des Américains, par exemple en créant un Google européen. Même si les Américains sont des alliés et des amis, économiquement nous sommes leur meilleur marché.

Sur la question de la sécurité numérique, nous disposons de tout ce qui convient en France et en Europe pour enclencher une dynamique sectorielle s'appuyant sur de nouveaux concepts, et permettant d'aller vers un autre monde que celui que l'on a connu jusque-là. Il n'y a plus de barrières économiques ou techniques comme autrefois ; aujourd'hui, tout est réversible. Il faut de la vitesse, de la réactivité, de l'intelligence et de l'initiative locale, car l'échelon national ne fonctionne plus. Il faut multiplier les nouvelles procédures et les nouveaux procédés autour des concepts de multi-acteur et de multi-action, et construire de l'opacité au moyen de nuages de points. Il faut jouer sur le fait que le numérique est nanométrique et nanoseconde.

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