L’article premier de cette loi introduit le principe de responsabilité de l’État dans la conduite de la politique de santé et acte notamment le fait que la stratégie nationale de santé est adoptée après une consultation publique. Vous-même, madame la ministre, avez lancé en 2013 une stratégie nationale de santé qui a donné lieu à de nombreux débats, y compris en régions. Les professionnels et les acteurs locaux des politiques de santé qui ont participé aux consultations s’attendaient à ce que le texte en soit la traduction. À la lecture du projet présenté en conseil des ministres le 15 octobre 2014, les professionnels ne s’y sont pas retrouvés, comme j’ai pu le constater en organisant un dans ma propre circonscription un débat réunissant l’ensemble des professionnels de santé.
Vous avez réussi le tour de force de vous fâcher avec l’ensemble de ces professionnels. Ils ont donc multiplié les alertes, fait grève, et s’ils ont accepté de revenir à la table des groupes de travail, ils ont toujours le sentiment de ne pas être écoutés. La grande manifestation du 15 mars, qui a rassemblé 40 000 d’entre eux, n’y aura rien changé, pas plus que la journée « santé morte » de ce mardi.
Les critiques à l’égard de ce texte demeurent et vous ne semblez pas vouloir les entendre : étatisation du système, bureaucratie asphyxiante, généralisation du tiers payant.
La question reste posée : comment mieux soigner en dépensant moins quand chacun sait qu’il convient de réduire le déficit de l’assurance-maladie et qu’il faut dans le même temps relever le défi du vieillissement et réduire les inégalités territoriales d’accès aux soins ?
Madame la ministre, une réforme de notre système de santé ne peut pas se faire sans tenir compte de l’avis des professionnels ou en cherchant à leur donner l’illusion d’être consultés.
Plutôt que de renvoyer la satisfaction de leurs attentes à la grande Conférence de santé annoncée par le Premier ministre pour l’automne prochain ou pour 2016, c’est à l’occasion de l’examen de cette loi qu’il convient d’apporter les bonnes réponses. Manifestement, le compte n’y est pas.