Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 2 avril 2015 à 15h00
Légitime défense des policiers — Discussion générale

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Je veux d’abord remercier le rapporteur et l’ensemble des parlementaires qui se sont exprimés pour la qualité de leurs propos. Il y a dans ce débat, dans des proportions que j’invite chacun à déterminer, de la politique et du droit. C’est le cas souvent dans les débats dont ces questions sont l’objet, et parfois il arrive que les questions de droit soient aménagées, contournées, réinterprétées pour atteindre le but politique que l’organisation à laquelle on appartient a décidé d’atteindre.

Je ne considère d’ailleurs pas qu’il soit fondamentalement illégitime de raisonner ainsi quand on appartient à une organisation politique dont un certain nombre de responsables sont très motivés sur ces sujets, parfois même très empressés, pour ne pas utiliser un autre adjectif, mais ce n’est pas ma démarche : je considère que, sur ces questions, les considérations de droit doivent l’emporter sur toutes les autres, parce que c’est la meilleure manière de défendre nos policiers conformément à notre culture républicaine, conformément aux valeurs de la République.

Deuxièmement, je pense que nous ne sommes pas obligés de nous opposer sur ces questions. Les policiers ne nous le demandent pas. Ils demandent, surtout après les événements de janvier, que nous soyons capables de nous rassembler par-delà ce qui peut nous séparer pour les défendre au nom des principes et des valeurs de la République, en les incarnant partout où nous parlons d’eux, notamment dans cet hémicycle. Je pense, ensuite, que nous leur devons cette manière d’aborder le sujet, parce que, comme nous l’avons dit tous ensemble ici, les policiers comme les gendarmes s’exposent au péril de leur vie pour assurer la sécurité des Français. Le sacrifice de leur vie nous impose cette exigence de hauteur et de rigueur lorsque nous abordons cette question.

Enfin, je veux insister sur un point. Je ne suis pas de ceux qui considèrent qu’il y a une consubstantialité de la violence à la police. Cela n’a jamais été mon point de vue. Et quand je considère ceux qui sont tombés sous le feu des terroristes ou des délinquants au cours des derniers mois ou des dernières années, quand je considère ceux qui ont été blessés dans le cadre de manifestations, dans des contextes de plus en plus violents, je constate que ceux des blessés et des tués qui appartiennent aux forces de l’ordre sont infiniment plus nombreux que les autres – c’est sans commune mesure. Je trouve donc qu’il y a, dans la théorisation de la consubstantialité de la violence à la police, une forme d’approche ou de posture qui correspond à l’exact inverse de ce qu’est la réalité.

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