Intervention de Bernard Bajolet

Réunion du 24 mars 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Bernard Bajolet, directeur général de la sécurité extérieure :

Quand survient un attentat, même à l'étranger, faisant des victimes françaises, c'est toujours un échec pour nos services. Nous conduisons alors ce que l'on appelle dans les forces armées un « retex », pour retour d'expérience : nous examinons quels éléments nous avons pu manquer. À côté de l'échec du mois de janvier, il faut savoir que le renseignement intérieur a déjoué bien d'autres attentats. En dépit de toute l'attention consacrée par les services, il est impossible de garantir que nous pourrons toujours empêcher des attentats sur le sol français ou contre nos intérêts à l'extérieur.

A posteriori, on peut se dire que, par exemple, l'un des frères Kouachi ayant séjourné au Yémen, nous aurions pu continuer de le suivre et ainsi empêcher l'attentat. Un des objectifs du projet de loi est justement de nous doter des instruments qui nous permettront de limiter les angles morts, de nous doter de moyens de détection plus performants, sans porter atteinte aux libertés individuelles.

En outre, à la suite de ces attentats, les services ont décidé de se rapprocher davantage. La coopération entre la DGSE et la DGSI était déjà très forte, mais nous allons franchir une étape supplémentaire dans quelques jours, avec l'installation d'une équipe de la DGSE à Levallois-Perret chargée de suivre les filières, sous pilotage de la DGSI. C'est une petite révolution. De même, nous allons transférer à la direction du renseignement militaire (DRM) un certain nombre d'activités dont on peut considérer qu'elles relèvent davantage d'enjeux militaires, afin que chaque service se concentre sur son coeur de métier, pour plus d'efficacité.

En ce qui concerne le renseignement économique, nos concurrents, notamment les plus importants d'entre eux, ne restent pas inactifs vis-à-vis de nos intérêts. Cela suppose une très grande vigilance, en défense. Ces fonctions relèvent essentiellement de la DGSI et de la DPSD pour les industries de défense, en partie de mon service aussi, pour celles des activités nuisibles à nos intérêts économiques menées à l'extérieur du territoire national.

S'agissant de la catastrophe aérienne, je ne peux rien dire à ce stade. L'enquête permettra, je l'espère, de préciser les causes de cet accident.

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