Intervention de Jean-Louis Beffa

Réunion du 19 mars 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Jean-Louis Beffa, président d'honneur de Saint-Gobain, membre de la commission de surveillance de la CDC :

Les industries ont besoin de plus de fonds propres que les sociétés de services. Dans les start-up de services, qui marchent bien, l'important est surtout d'intervenir au bon moment, quand la société est en train de grandir.

Pour être moi-même business angel – je suis un petit investisseur et je siège au conseil d'administration de start-up –, je suis frappé de voir que les sociétés de qualité sont très vite rachetées par des étrangers. Il importe de trouver des fonds. En France, le capital-risque, y compris technologique, est assez faible. En outre, il est géré de manière financière et court-termiste, selon une mentalité que la BPI n'a pas réussi à faire évoluer.

Si l'on veut financer les entreprises et investir en actions dans les grands groupes, il faut sortir du schéma actuel. Pour se conformer à Solvabilité II, les compagnies d'assurances ont vidé leur portefeuille d'actions, et les groupes étrangers, qui les possèdent désormais, ont une vision anglo-saxonne. Ceux-ci ont hurlé contre la loi Florange qui réforme le mode de gouvernance en instaurant un vote double. Ils exercent un chantage auquel se soumettent de nombreux patrons français.

Il faut remédier à une autre aberration française. Nous possédons, sous forme d'assurance-vie, une épargne considérable qui n'aide en rien l'investissement en actions. Il faudrait créer à cette fin un fonds spécial doté par l'assurance-vie. La Caisse en gérerait les investissements de base et la BPI, dans l'esprit de l'ancien FSI, opérerait les restructurations industrielles.

À défaut, les centres de décision risquent de quitter la France. L'exemple du groupe Lafarge est inquiétant. Il n'est pas impossible que notre pays perde en un jour le centre de décision de la moitié des entreprises du CAC 40, ce qui réduirait du même coup son poids politique. La localisation du centre de décision et la structure du capital sont des questions essentielles dont les parlementaires doivent se saisir. M. Macron est conscient du problème. Il faut doter la BPI de moyens supplémentaires si on veut qu'elle puisse agir à cet égard.

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