L'infiltration est une méthode anglo-saxonne, à laquelle ne recourent pas les services de renseignement français, qui préfèrent recruter des sources. Nous ne demandons pas à un individu de travailler dans un mouvement, mais nous tentons d'obtenir un échange, une discussion avec un membre du mouvement ou un sympathisant. L'infiltration est un exercice périlleux, dont je ne suis pas sûr qu'il porte ses fruits. Il est plus efficace de discuter avec un militant, auquel on fait comprendre qu'il entre dans l'intérêt de son mouvement d'accepter cet échange. Nous lui expliquons aussi que l'agent des renseignements avec lequel il parlera n'est pas un membre du service d'ordre mais quelqu'un qui jouera les intermédiaires avec celui-ci. Je n'ai jamais pratiqué d'infiltration, même dans mes fonctions précédentes.
En 2014, à la naissance du SCRT, nous avons créé la Division nationale de la recherche et de l'appui, rassemblant policiers et gendarmes du renseignement territorial dont la mission est la surveillance. Son domaine de compétence comprend les dérives urbaines, l'économie souterraine et les trafics, sur lesquels nous travaillons, dans le cadre du préjudiciaire, avec nos camarades de la sécurité publique. Elle surveille aussi les mouvements de contestation violente, dans leur expression sur la voie publique.
Quand des manifestations risquent d'entraîner des mobilisations dangereuses, les agents du service de la recherche et de l'appui viennent en observation sur les cortèges, notamment pour faire des photographies qui serviront à identifier les auteurs des violences. La collecte des clichés est destinée aux services chargés des enquêtes judiciaires. Elle permet en outre de créer des références. Nous savons, par exemple que, sur telle manifestation, il y a eu trois membres des NO TAV et douze des Black Blocs, que nous cherchons à identifier, en lien avec les autres services de renseignement.