Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 11 mars 2015 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous avons le plaisir de recevoir ce matin notre ancien collègue Jean-Louis Bianco, aujourd'hui représentant spécial pour les relations économiques franco-algériennes auprès du ministre des affaires étrangères. M. Bianco succède dans cette mission à Jean-Pierre Raffarin, qui avait conduit depuis 2010 un important travail sur les grands projets d'investissement français en Algérie.

Les relations de notre pays avec l'Algérie connaissent heureusement une nouvelle dynamique depuis que la visite d'État faite par le Président de la République à Alger en décembre 2012 a conclu une période de refroidissement notoire, due à l'adoption par la France d'une loi soulignant « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » qui avait froissé, et c'est peu dire, les Algériens.

Nos relations économiques et commerciales avec l'Algérie ont beaucoup progressé depuis le début des années 2000 et la France est à présent le second partenaire de l'Algérie avec 11,4 % de part de marché. Elle a cependant perdu du terrain depuis 2012 au profit de la Chine, qui est maintenant le premier partenaire de l'Algérie avec 12,1 % de part de marché. Mais la France demeure le premier investisseur étranger en Algérie hors hydrocarbures et le second tous secteurs confondus. En tout, 450 entreprises françaises sont implantées en Algérie, ce qui génère environ 40 000 emplois directs et plus de 100 000 emplois indirects.

Ces chiffres ne sont cependant pas entièrement satisfaisants ; l'immense potentiel des relations économiques entre nos deux pays est encore assez largement inexploité. Ces relations peuvent s'appuyer sur un vivier très important de binationaux : quelque 32 000 Français sont installés en Algérie, dont 28 000 ont la double nationalité. De cette richesse, on ne parle pas suffisamment.

L'économie algérienne est très dépendante des hydrocarbures, qui représentent un tiers de son PIB et 97 % de ses exportations. La baisse des prix du pétrole resserre la contrainte budgétaire en Algérie et conduit le Gouvernement à afficher une forte volonté d'accélérer ses projets de diversification industrielle. Conscience avait déjà été prise de cette nécessité avant la chute du prix du baril, les autorités algériennes sachant la réserve de pétrole exploitable vouée à l'épuisement et l'absence de diversification, qui empêche un développement dynamique, à l'origine d'une série de problèmes intérieurs. Vous nous direz si vous jugez réelle cette volonté de diversification et à quels obstacles elle se heurte éventuellement..

Par ailleurs, la « loi du partenariat national majoritaire » dispose que les investissements étrangers dans le pays ne peuvent être réalisés que dans le cadre d'un partenariat avec un investisseur algérien qui détiendra au moins 51 % du capital. Lors de ma visite en Algérie, le premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, avait dit son intention de revoir cette disposition, mais ce n'est pas le cas pour le moment.

Vous avez pour mission d'aider à résoudre les différends économiques bilatéraux et vous vous êtes rendu en Algérie la semaine dernière encore. Quels dossiers vous occupent ? Progressent-ils ? Jugez-vous réelle la motivation de vos interlocuteurs algériens pour lever les obstacles à l'implantation des investisseurs français ? Quels sont les nouveaux projets de coopération les plus prometteurs entre nos deux pays, et quel accueil leur réservent les autorités algériennes ? Quelle est l'incidence de la conjoncture économique défavorable pour l'Algérie avec la baisse du prix du pétrole ?

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