Intervention de Thierry Francq

Réunion du 19 mars 2015 à 10h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Thierry Francq :

La Bpi qui est la résultante de deux opérateurs historiques –Oséo pour l'innovation et les prêts et CDC Entreprise pour les opérations en capital (fonds et fonds de fonds) – est un opérateur extrêmement important pour le programme d'investissements d'avenir (PIA).

Aujourd'hui, la Bpi opère au total d'une enveloppe de 7 milliards d'euros au titre des PIA I et II (sur un total de 47 milliards d'euros) pour mener, pour le compte de l'État, des actions qui sont de trois ordres :

– le financement de l'innovation par des subventions et des avances remboursables pour des projets de recherche-développement, par exemple par le programme collaboratif PSPC (projet structurant pour la compétitivité) ;

– des prêts aux PME qui sont des prêts ciblés visant à renforcer la compétitivité de ces entreprises en cherchant à réduire l'empreinte énergétique de leurs opérations ou à développer le numérique et la robotique. Ce sont pour la plupart des prêts bonifiés ;

– des opérations en capital regroupant deux types actions d'une logique un peu différente. D'une part, des fonds de fonds ont pour objectif de combler les lacunes du capital-investissement. Il s'agit d'abord de rendre possible l'amorçage – en renforçant les capacités d'action de cette industrie au service des entreprises innovantes, c'est le rôle du fonds national d'amorçage (FNA) – ou encore, comme le fait le fonds de fonds Multicap, de régler un problème de taille des tickets d'investissement en permettant des investissements importants car ceux-ci restent en France bien inférieurs à ceux des États-Unis par exemple. D'autre part, des opérations en capital par des fonds en direct permettent de financer des projets spécifiques – le fonds Ecotech favorise par exemple le développement durable. Je pourrais également citer le fonds numérique. Un dernier fonds de ce type est en cours de constitution pour la mise en oeuvre des 34 plans industriels pour la France. Le PIA II a pour vocation de financer les innovations qui ont un caractère d'excellence dans ce cadre. Cela n'est cependant pas exclusif d'autres projets industriels de mise en oeuvre d'innovations qui peuvent également être éligibles au PIA.

Pour revenir à l'analyse de l'action de la BPI, trois points méritent d'être soulignés.

Premièrement, nous sommes satisfaits de manière générale de la performance de la BPI en tant qu'opérateur. Du fait de sa génétique – Oséo et l'Anvar –, elle permet une alliance avantageuse de compétences techniques en matière d'innovation et de compétences financières.

Deuxièmement, lorsqu'il s'agit de soutien aux PME en fonds propres, le fait d'avoir un réseau suffisamment capillaire et pro-actif dans les territoires est un atout pour la BPI, que n'avaient pas ses prédécesseurs. Pour qu'il soit efficace, le PIA se doit, en effet, d'être parfaitement irrigué afin que les initiatives viennent du terrain. C'est une des raisons qui a conduit à transférer une partie du programme numérique de la CDC vers la BPI dans l'objectif qu'elle aille au-devant des entreprises. Les dirigeants de PME ne sont pas en permanence au courant des appels à projets. La Bpi a vocation à effectuer cette démarche pour permettre, in fine, le choix du meilleur dossier.

Enfin, la capacité de la BPI à industrialiser les processus est essentielle car c'est un gage de rapidité. Nous avons par exemple élaboré un dispositif « fast track » qui permet de traiter de bout en bout, en trois mois, des dossiers de R&D collaboratifs afin d'atteindre l'objectif de déploiement du PIA.

On peut effectivement s'interroger sur la manière dont se fait le départ entre les actions en compte propre de la BPI et celles effectuées pour le compte de l'État.

En matière de prêt, la BPI dispose d'éléments génériques : elle offre des catalogues de produits simples qui irriguent tous les types de secteurs, pas forcément avec une logique d'innovation. Les prêts robotiques, numériques ou les prêts verts sont accordés dans le cadre d'une action appelée Usine du futur. Dans les territoires, les régions vont contribuer à détecter les entreprises ayant un fort potentiel de modernisation et éventuellement les accompagner pour définir des solutions techniques qui leur permettent de moderniser profondément leur processus de production. C'est ce qui distingue, dans le domaine des prêts, les opérations menées pour le PIA par rapport aux opérations en compte propre de Bpifrance.

Par ailleurs en matière d'innovation, une banque ne pouvant distribuer en compte propre des subventions et des avances remboursables, Bpifrance ne peut être qu'un opérateur pour ce type d'actions.

S'agissant des opérations en fonds propres, Bpifrance est essentiellement un opérateur de type fonds de fonds, qui vise à irriguer l'industrie du capital-investissement. Le PIA finance des opérations qui portent sur des projets précis, comme le numérique, les technologies écologiques et les projets industriels.

Je tiens à souligner que Bpifrance est une banque : lorsqu'elle investit ses fonds propres dans le capital d'une entreprise, cela étant par définition plus risqué que les prêts, la logique prudentielle impose des limites aux risques de ces opérations. Cela n'est pas le cas pour le PIA puisqu'il s'agit de fonds d'État qui ne sont pas soumis à ces mêmes contraintes et permettent de prendre des risques que les banques ne pourraient assumer. Par exemple, dans le cadre des projets industriels, nous envisageons une opération importante en fonds propres dans une unité de production qui sera une première mondiale dans le domaine médical. Nous pourrions imaginer un investissement au titre du PIA de l'ordre de 80 millions d'euros, ce qui pour une banque ne serait pas possible.

Tout ceci est en réalité un continuum et nous investissons parfois à parité entre Bpifrance pour son compte propre et Bpifrance opérateur du PIA, notamment dans le capital-développement. Cela permet d'avoir des tickets plus élevés, ce qui est un des objectifs recherchés pour la croissance des entreprises.

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